La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

lundi 18 février 2013

Échange entre deux auteurs.

Cette semaine, je vous invite à un petit exercice différent.

Georges et moi participons à un atelier d’écriture. Notre but est de rencontrer d’autres écrivains, amateurs ou professionnels, et d’ouvrir notre éventail de connaissances dans le monde littéraire. Dans ces ateliers, après lecture d’un texte et dévoilement du thème, nous avons 20 minutes pour écrire ce qui nous vient en tête en respectant le plus possible le thème proposé. Ensuite, chacun des participants lit ses écrits et tous commentons ce que nous venons d’entendre. On découvre ainsi la diversité de style, l’imagination ou le vécu propre à chacun.

Voici donc le texte écrit par Georges lors du premier atelier sur le thème : La mer sur papier et en incluant si possible cette phrase :

Le village m’apparut pour la première fois, moitié dans les nuages, moitié dans la mer.

(petite précision, Georges a écrit avec des termes marins typiques des Iles-de-la-Madeleine)

La cloche ne pouvait sonner

Le son du vieux moteur « Acadia » martelait sa tête comme autant de pas faisant écho sur le carrelage d’une église. Une veine sur sa tempe témoignait de son angoisse croissante. Il fallait se rendre à l’évidence, ils étaient perdus dans la brume. Une brume à couper au couteau, une brume épaisse comme la brume d’Aldéric, lui qui en voulant se moucher, avait mouché son ami Ludgère.

Ils n’avaient pas entendu la cloche de l’Angelus, pas plus que la cloche de La Passe. Debout sur l’avant du « botte », Onésime lançait la pierre de sonde toutes les trente secondes, puis la remontait pour examiner la nature du fond, puis la longueur de la brasse. « Trois brasses mon Hector. On est à la veille de s’échouer pis j’vois pas encore le Bout du banc. Pas de vase sous la pierre, rien que du sable. »

Et puis tout à coup, comme un immense rideau de théâtre se déchirant du haut vers le bas, un rayon de soleil fendit en jet de flammes toute la brume. Le vent se mit de la partie et un grand rouleau de nuages se sauva du côté de l’Est. Le village leur apparut pour la première fois, moitié dans la mer, moitié dans les nuages. Le clocher de l’église perçait ce coton céleste alors que les vagues de l’étrave se mêlaient encore avec les restants de « boucane » sur l’eau.

Transparente était devenue cette eau et Onésime vit même des trous de coques dans le sable sur le fond. Hector s’en aperçut lui aussi et dans un violent coup de barre, évita de justesse le « platier ». Onésime fit son signe de croix presque en même temps que Hector poussa un « tabarnak ». C’était que la « boueille» de La Passe était juste à côté, de l’autre bord du chenal, du bon bord du chenal, mais la cloche, la maudite cloche… n’avait plus de battant.

*Texte de Georges Gaudet… écrit en 20 minutes et rien que pour le plaisir.

Vous pourrez découvrir mon texte dans le blogue de Georges : www.georgesgaudet.blogspot.ca

Bonne lecture à tous et à la semaine prochaine.

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