La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

lundi 29 avril 2013

Extrait : Un cadavre dans le chalut.

 

Nouvelle couverture (titre) mars 2013

Pour tous ceux et celles qui n’ont pas eu la chance d’être présents samedi soir à la galerie-bar Les Pas Perdus pour la soirée Livres en fête, je vous offre ci-dessous l’extrait que nous avons lu.

Tout d’abord, je veux vous mettre en contexte.

Mon personnage, l’inspectrice Alice Grandmaison se rend sur le quai de Havre Aubert où accoste le bateau de Charles Dubreuil qui vient de pêcher dans sa drague à pétoncles quelque chose qui pourrait ressembler à un corps. Une foule de pêcheurs et de curieux ainsi que le journaliste Robert Jomphe, personnage de Georges, sont déjà sur place.

Voici l’extrait :

— Quelqu’un a-t-il touché au corps avant mon arrivée? demanda-t-elle.

Tous les pêcheurs sur place se regardèrent puis finalement posèrent leur regard sur Robert qui se tenait en retrait. Sans parler, ils le désignèrent tous. Même s’ils ne portent pas trop la police dans leur cœur, ils ne veulent quand même pas aller à l’encontre de la loi, surtout dans une affaire de ce genre.

— Robert!!!! s’indigna Alice, c’est toi? Mon tabarnac, tu sais très bien qu’on ne doit rien toucher avant l’arrivée de la police. C’est quoi ton problème? Y faut toujours que tu te croies au-dessus de tout?

— Eh! calme-toi Alice. C’est pas bien grave.

— Pas bien grave, mais je rêve là! Tu sors de quelle planète toi?

— Oh, mais c’est qu’elle s’est levée du mauvais pied ce matin, ironisa Robert.

— Ah non! Ne commence pas ton numéro, je le connais par cœur. Peux-tu au moins me dire comment c’était avant que tu « scrapes » les indices?

— Ma belle Alice…

— Ne m’appelle pas comme ça, c’est clair?

— OK. Donc madame l’inspectrice, les indices comme tu dis sont au fond du golfe sous deux brasses d’eau. Je n’ai fait que retourner le « tas » qui se trouvait dans le fond de la drague pour être sûr qu’il s’agissait bien d’un corps. Charles ne voulait pas le faire lui même.

— C’est que c’était assez dégueulasse et je sais moi qu’il faut rien toucher, confirma Charles.

— Donc, reprit Robert, j’ai saisi ce qui me semblait un bras, bien qu’il n’y ait plus de main et j’ai tiré dessus tout doucement pour le retourner. J’ai bien fait attention de ne pas le défaire en morceau. Sur le coup, on n’aurait jamais pu deviner si c’était humain ou pas. Comme tu vois même là, c’n’est pas évident.

Pendant toute l’explication de Robert, Alice regardait l’amoncellement de chair humaine. Le corps était boursoufflé, des morceaux de peaux manquaient, certainement mangés par les poissons. Les bras se terminaient par un moignon de chair déchiquetée. Son torse était nu et il ne portait qu’un jean déchiré par endroits et un soulier de course au pied gauche. La tête était tellement enflée que les yeux étaient refermés ainsi que la bouche. Alors qu’elle était penchée sur le corps, des petites écrevisses sortirent de dessous les paupières. Un murmure de dégoût se fit entendre par les personnes qui s’en aperçurent, surtout par le pêcheur et le jeune homme qui l’accompagnait et qui se trouvaient encore à bord. Alice se dirigea vers eux puis demanda au plus jeune :

— Comment t’appelles-tu et quel est ton rôle sur le bateau?

Timide et tordant sa casquette dans ses mains, il répondit :

— Je m’appelle Justin Dubreuil. Je suis le fils de Charles et je suis son aide pêcheur.

— Quel âge as-tu?

— 18 ans.

Pendant ce temps, Alice observait minutieusement l’intérieur du bateau. La drague à pétoncles était encore près du corps. D’ailleurs, elle aperçut quelques morceaux de chair pris encore dans les crochets. En déplaçant le corps, Robert n’avait pas fait attention autant qu’il l’avait dit. Curieusement, aucun pétoncle n’était visible.

— Lorsque vous avez remonté le corps, n’y avait-il rien d’autre avec?

— Ben… il me semble que c’est assez, répondit Charles Dubreuil surpris par la question.

— Je veux parler de pêche. Vous étiez bien parti pêcher des pétoncles?

— Euh… oui, c’est ça.

— Alors en remontant votre drague, je me doute qu’il devait y avoir des pétoncles aussi.

— Oui… oui, il y en avait. Mais juste un peu.

— Où sont-ils?

— On les a rejetés à la mer.

— Et pourquoi?

— C’n’est pas vendable. Quand les gens vont savoir d’où ça vient, on ne les vendra jamais. Moi-même je n’aurais pas osé les manger.

Alice continuait son inspection. Elle sentait que les deux marins lui cachaient quelque chose. Elle devait jouer de subtilité pour découvrir leur secret. Elle connaissait très peu le monde de la pêche, mais là son instinct était en alerte.

— Pouvez-vous me dire exactement où vous avez trouvé le corps, monsieur Dubreuil?

Sur le quai, les quelques pêcheurs qui assistaient à la scène lancèrent un :

— Wow Monsieur! Charles, tu deviens important.

— Charles, je vous écoute, reprit Alice.

— Ben… moi je ne peux pas vous dire exactement. C’est plus Justin qui le sait. Vous savez ce que c’est. Moi j’ai toujours navigué à l’ancienne. Les jeunes, eux, ont besoin de tout un attirail de machines électroniques. Moi j’n’ai jamais appris à m’en servir.

— OK Justin, l’interpella Alice, tu dois pouvoir me renseigner.

— On était proche du Pearl Reef.

— Proche c’est un peu vague, non. Pour un adepte de l’informatique et du GPS tu devrais être pas mal plus précis, il me semble.

— C’est que je ne me rappelle plus très bien la position exacte, mais c’était dans ce coin-là.

— OK. Je vais mettre ton hésitation sur le coup de la surprise et de l’angoisse de parler avec la police. Je vais vérifier moi-même sur ton GPS.

 

Pour la suite de l’histoire, vous devrez patienter encore quelques semaines la sortie de notre livre. Nous espérons vous le présenter en version papier d’ici la fin juin 2013.

Bonne semaine à toutes et à tous.

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