Vivre au Québec c’est apprivoiser l’hiver
et apprendre à l’apprécier. Ce n’est pas tous les jours facile surtout lorsque
les températures descendent très bas et de plus lorsqu’elles sont accentuées
par le vent, comme on le vit ici aux Îles-de-la-Madeleine.
Par contre, une journée de beau soleil sans
vent avec des températures de – 11°, c’est la journée idéale pour « jouer
dehors ». Alors, quoi de mieux que d’aller se faire glisser au Paradis
Plein Air à Fatima avec nos « tabagannes » (comme on dit ici aux Îles)
et de retrouver son âme d’enfant.
* * *
Comme certains d’entre vous l’attendent, je
vous offre la suite 3 des « Grilles du Comte Talbot ». Les sept
candidats restants vont vivre leur deuxième journée de concours et vont tenter
de se rendre jusqu’au bout. Avant que vous ne commenciez la lecture, veuillez
prendre connaissance de l’avis suivant :
AVERTISSEMENT
Le texte qui suit contient
des scènes de violence pouvant ne pas convenir à un jeune public. La
supervision des parents est suggérée.
Chapitre 4
Jour 2
– 9 h 30
Les
mêmes consignes sont données. Cette fois-ci, le temps imparti est de deux
heures, les définitions sont plus compliquées et la grille comporte trente-cinq
lignes et vingt-cinq colonnes. Les sept concurrents fixent leur écran et ne se
laissent pas intimider. Les minutes s’écoulent dans le seul bruit des claviers.
Même le son des respirations n’est pas perceptible. Finalement, tous
réussissent à remplir la grille juste avant la fin des deux heures. Les sept
personnes se regardent avec un sentiment de victoire. Aucun d’eux n’a échoué.
Robert
se demande si c’est un bon ou un mauvais signe. Il craint que le malade qui a
organisé cette macabre compétition n’augmente le niveau de difficulté.
Lors
du dîner, le maître des lieux leur fait part de sa surprise concernant la
dernière épreuve. Il se dit impressionné, mais décide quand même de ne rien
modifier au programme prévu. Il termine en ajoutant :
- Je sais qu’il ne restera qu’un seul d’entre vous
au maximum. J’espère ne pas être déçu par un échec total.
14 h 30
À
nouveau, les ordinateurs se débloquent. Même nombre de cases, même niveau de
difficulté. La nervosité devient palpable dans la salle. Le manque de sommeil
récupérateur en est la cause. Certaines poussent des soupirs.
14 h 55
Premier
cri. Cette fois, il s’agit de Boris Kaplovitch. Il a inscrit le mauvais mot. Il
ne s’en est rendu compte que lorsqu’il a senti la ceinture le serrer contre sa
chaise qui, comme les autres, s’est reculée. À nouveau, le plafond s’est
ouvert. Une lame de scie ronde tournant à vive allure descend tranquillement.
Une paroi vitrée s’est placée entre Boris et les autres tables. Il comprend
automatiquement ce qui l’attend et hurle de toutes ses forces. Les autres aussi
crient et demandent que tout cela cesse. Mais c’est inutile, la lame s’arrête
au niveau du cou de Boris, avance dans sa direction jusqu’à trancher dans ses
chairs faisant gicler un sang rouge foncé sur la vitre. Un bruit sourd
accompagne la chute de la tête sur le sol qui roule sur quelques mètres. La
lame dégoulinante remonte et reprend sa place. La vitre n’est plus qu’un écran
visqueux qui s’éclaircit au fur et à mesure que le sang coule jusqu’au sol.
Tous
s’étaient remis à la compétition avant la fin du supplice de Boris. Le silence
a repris le contrôle de la salle.
15 h 30
Ce
n’est pas un cri, mais une plainte de résignation. Jacques Allary baisse les
bras et se laisse mener jusqu’à ses derniers instants. Il ne lutte pas. Il sait
que ça ne sert à rien. Il ferme les yeux et attend la mort en espérant qu’elle
arrive le plus vite possible. Il est emmené avec sa chaise dans un coin de la
pièce. Des panneaux métalliques prennent la place des boiseries murales. Une
espèce de machine sort du plancher et se place devant le condamné. Elle se met
en marche et lance des pierres directement sur le corps de Jacques qui ne
réagit pas. Sa poitrine et sa tête sont martelées sans répit par des blocs de
pics acérés. Sa tête devient un amas de chair sanguinolent. Très vite, il
devient méconnaissable, le sang coule le long de ses bras qui n’ont toujours
pas bougé. Puis, le haut de son corps s’affaisse en avant et les jets de
pierres cessent automatiquement.
Maria
Cervantes n’a pas détourné son regard, une main couvrant sa bouche comme pour
bloquer tout son qui voudrait s’échapper. Elle se remet à son épreuve les yeux
baignés de larmes qui se vident le long de ses joues. Ils doivent garder le
contrôle malgré les deux corps inertes dans leur champ de vision.
16 h 15
Certains ont terminé avec succès leur grille. Il ne reste que deux personnes qui tapent
sur leur clavier. Un bruit ressemblant à une alarme retentit. En fait, il
s’agit du cri que Maria Cervantes vient de pousser. Un hurlement si aigu qu’on
a du mal à le croire humain. Elle se débat de toutes ses forces pendant que sa
chaise glisse dans un angle de la pièce puis s’immobilise. Face à elle, un pan
de mur s’écarte faisant jaillir des couteaux effilés lancés à vive allure
contre son corps. Maria est transpercée de toute part, la clouant sur le
dossier de sa chaise. Elle reçoit tellement de couteaux qu’il en est difficile
de les compter. Son dernier souffle rendu, son corps ressemble à un porc-épic.
Cette
épreuve a été la plus meurtrière. Trois êtres, sans vie, quitteront la
compétition par une autre issue.
* * *
Je n’avais pas relu ce texte depuis son
écriture en 2008. Finalement, mon avertissement était nécessaire. Il reste une
dernière journée aux 4 candidats. La semaine prochaine sera la finale de cette
compétition hors du commun. Avis aux amateurs de mots croisés.
Bonne semaine à toutes et à tous.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire