Cette semaine, voici
la troisième partie du concours de mots croisés où Robert a été accepté après
des éliminatoires à travers le monde. La scène est en place, les participants
sont désormais des concurrents. Nous voici dans le vif du sujet, c’est le début
des hostilités. Je veux prévenir les personnes très sensibles sur certains
passages du texte. Mais en même temps, c’est très accrocheur. La preuve, comme
je vous l’ai déjà écrit, Georges a failli couler lorsqu’il lisait cette
histoire alors que son voilier prenait l’eau….
Chapitre 3
Jour 1 – 9 h 30
Après une nuit quelque peu agitée et un déjeuner
silencieux, les dix concurrents sont escortés dans une salle sans fenêtre aux
murs en boiserie sculptée noire, le sol recouvert de dalles grises et possédant
deux portes diamétralement opposées. De chaque côté des portes des chandeliers
sur pied. Dix tables, avec chacune un ordinateur déjà allumé, forment un cercle
évasé de façon à ce que chaque candidat voie les neuf autres, mais sans
apercevoir l’écran d’aucun autre ordinateur. Le nom de chacun est marqué sur le
dossier de la chaise.
— Bonjour mes amis, annoncèrent les haut-parleurs du
plafond. J’espère que vous avez bien dormi. Je vais répondre à la question
que chacun de vous se pose. Comme je vous l’ai dit hier, vous n’avez droit à
aucune erreur. Malheureusement, si cela vous arrivait, vous en subiriez les
conséquences que vous découvrirez le moment venu. Il en va de même pour tout
dépassement de temps. Vous vous êtes engagés dans cette compétition et vous ne
pourrez plus faire marche arrière. Soit vous gagnez, soit vous mourrez.
Un lourd silence règne dans la salle. Ils sont tous assis
en face de leurs ordinateurs qui s’animent en même temps. Leur nom s’affiche
puis aussitôt des définitions et une grille parsemée de quelques cases noires
emplissent l’écran. La grille comporte trente lignes et vingt colonnes.
— Mesdames et Messieurs, voici votre première épreuve.
Afin de vous mettre en confiance, je n’ai pas voulu trop corser le jeu. À mon
top de départ, vous aurez 1 h 30 pour remplir toutes les cases.
Rappelez-vous, aucune erreur. Alors, réfléchissez bien et ne vous précipitez
pas trop vite. D’après ce que j’ai pu voir aux éliminatoires, vous n’aurez
aucune difficulté pour réussir un sans-faute. Bonne chance encore à vous tous.
Attention… top départ.
Au même instant, le curseur s’active sur l’écran. Selon
ses habitudes, Robert lit toutes les définitions et s’imprègne de la grille. Il
est confiant de s’en sortir. Alors, il se concentre afin de taper les bonnes
lettres au bon endroit. Il est absorbé par son écran. Sa grille se remplit
petit à petit. Quarante-cinq minutes sont passées. Dans la salle, on n’entend
que le cliquetis des touches enfoncées.
Soudain, un cri, ressemblant plus à un hurlement, déconcentre
tous les participants. Julie a les yeux horrifiés.
— Je me suis trompée de tou…
Elle n’a pas le temps de terminer sa phrase. Sa chaise
recule et une ceinture l’entoure, l’empêchant ainsi de se lever. Julie se met à
tressauter de tout son corps. Sa chaise s’est transformée en chaise électrique.
Elle pousse des cris déchirants. Une odeur de roussi emplit la pièce. Son
visage est méconnaissable, transformé par la terreur qu’elle vit. Les neuf
autres n’ont pas détourné les yeux de l’horreur qui s’est déroulée devant eux.
Puis c’est le silence total. Un silence de mort qui
paralyse encore plus les concurrents.
— Mesdames et Messieurs, ne vous laissez pas déconcentrer
par cet évènement autrement vous serez la prochaine personne à subir un autre
supplice. Reprenez votre jeu et oubliez ces dernières minutes.
Cela prit quelques secondes avant que tous reportent leur
regard sur l’écran leur faisant face et se remettent au travail. La chaise de
Julie glisse jusqu’au mur sans bruit. Son corps est avachi, les bras ballants,
la tête sur le côté. Ses yeux, encore ouverts, montrent la terreur de ses
derniers instants. Aucun autre incident ne se produit et tous ont complété leur
grille quinze minutes avant la fin du temps prévu.
— Mesdames et Messieurs, mes félicitations. Vous avez réussi
avec succès. Un excellent dîner vous attend, avant la prochaine épreuve qui
débutera à 14 h 30 précise. Alors, revenez quinze minutes avant. Ne
vous laissez pas démoraliser. Visez la récompense ultime. Bon appétit à tous.
Après un repas copieux, Robert rejoint sa chambre pour
enlever la pression et se concentrer. Aucun échange, aucune parole n’a été
prononcée depuis le déjeuner.
14 h 30
Les neuf concurrents sont à leur place. Le départ
est lancé et une nouvelle grille apparaît à l’écran. Le niveau de difficulté
est un peu plus élevé, le temps imparti est le même. On peut lire sur tous les
visages l’épouvante de ce qui pourrait arriver d’ici la prochaine heure et
demie.
Robert se crée une bulle virtuelle et ne regarde que son
écran. Il se coupe de tout bruit extérieur. Il est à l’intérieur de son esprit.
Après vingt minutes, un cri d’effroi fait sursauter les concurrents. Peter
Heller essaie de se retenir à sa table alors que sa chaise glisse de quelques
mètres. Comme pour Julie, une ceinture le maintient à sa place. Toutes les
têtes, sauf Robert, se tournent vers lui. Le plafond s’ouvre et un filin en
acier descend. Au bout du filin, une grosse boucle s’approche de la tête de
Peter. Il tente de se débattre, de remuer afin d’éviter cette boucle fatale,
mais ses mouvements sont trop réduits. Finalement, sa tête est prise au piège.
Le nœud se resserre. Il a beau hurler, mais en vain. Il est libéré de sa chaise
et le filin remonte emmenant Peter qui s’agite jusqu’à ce que la mort laisse
son corps immobile. Il reste ainsi pendu jusqu’à la fin de l’épreuve. Tout ça a
duré moins de deux minutes. Les autres se remettent à leur clavier. Robert ne
s’est pratiquement rendu compte de rien.
Le temps imparti achève. Plusieurs ont terminé depuis
quelques minutes, d’autres placent leurs dernières lettres quelques secondes
avant le son de la cloche. Un seul est encore en train de taper sur son
clavier, mais c’est trop tard. Un message apparaît sur son écran. « Trop
tard, vous ne méritez pas d’aller plus loin »
Martin Elbaz hurle.
— Attendez, je connais le mot, je n’ai qu’à le taper.
Mais la ceinture l’a déjà emprisonné sur sa chaise qui
recule.
Cette fois-ci, c’est le sol qui bouge. Quatre parois
vitrées entourent Martin formant ainsi une boîte hermétique. De l’eau emplit la
cage immergeant, à une vitesse impressionnante, le pauvre Martin qui, dans sa
panique, ne peut retenir son air et succombe presque aussitôt.
Personne n’a bougé de sa chaise regardant cet autre crime
se dérouler devant eux. Lorsque tout fut fini, la porte s’ouvrit libérant les
sept derniers concurrents.
Ouff!!
J’espère que malgré tout vous avez aimé et que vous serez de nouveau présents la
semaine prochaine pour la suite de l’aventure de Robert...
Bonne
semaine à toutes et à tous.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire