Aux Îles, ce n’est pas pareil, tout le monde le sait. C’est encore plus
vrai et réel en plein hiver.
Mes premiers hivers de résidence aux Îles-de-la-Madeleine ont été
cléments. Bien sûr, il y a eu de la neige, mais beaucoup moins que ces deux
dernières années. Par contre, je n’avais jamais vu le golfe gelé.
En avril 2009, j’avais pris le bateau pour me rendre aux Îles. Il y
avait des plaques de glace le long de notre traversée. Déjà, je trouvais
impressionnant le frottement de la glace sur la coque métallique du navire. Une
promiscuité bien vécue.
Depuis deux hivers, j’ai la chance de voir le golfe complètement envahi
par les glaces. Il y a quelques jours, j’ai fait partie de cette traverse, au
beau milieu des glaces avec toute la magie et la féérie que cela occasionne. Le
soleil nous a suivis durant les 9 heures de la traversée.
Les jours précédents notre départ, le CTMA Vacancier prévoyait une
arrivée à Sydney en Nouvelle-Écosse au lieu de Souris sur l’Île du Prince-Édouard.
Nous en étions conscients et notre programme était fait en conséquence. La
veille de notre départ, nous recevons un appel de CTMA nous annonçant notre
route vers Souris. Youpi!!
Un seul hic (sans importance pour moi) aucun brise-glace ne nous
escortera donc cela prendra plus de temps.
C’est sous un superbe lever de soleil que nous embarquons, prêts à
vivre une belle aventure de plusieurs heures. Le bateau fend la glace, bien
moins épaisse, dans le port de Cap-aux-Meules. Nous décidons de prendre une
cabine. Allongés sur nos lits, nous entendions la glace frotter sur la coque du
bateau qui ne se laissait pas impressionné.
Nous sortions de temps en temps
admirer l’étendue de glace qui nous entourait.
Puis, nous nous sommes retrouvés en eau claire à l’approche de l’Île du
Prince-Édouard.
La glace avait dérivé quelque peu.
En approchant de la baie de
Souris, une bataille allait se livrer entre le capitaine du bateau et la mer de
glace, protectrice du port de Souris.
C’était de toute beauté de voir la proue du navire fendre l’épaisse couche
de glace, jusqu’à ce qu’elle devienne plus forte.
Marche arrière du navire,
comme pour signifier une retraite, mais c’était pour mieux lutter. Une autre
ligne d’avancée, de cassure de glace. C’est ainsi que le bateau est arrivé
jusqu’à la hauteur du quai de Souris.
Le capitaine a manœuvré avec dextérité, traçant des cercles afin de
fragiliser cet adversaire tenace,
puis sans crier gare s’est avancé, proue en
tête vers le quai, imprégnant les lignes de sa coque dans l’épaisseur de la
glace.
Nouvelle marche arrière alors que son adversaire était fragilisé, le
temps de se retourner pour arriver poupe face au quai.
Un combat de toute beauté, en tout respect des deux combattants qui se
connaissent très bien, car ce n’était pas la première fois.
C’est dans de telles traversées que l’on voit combien le capitaine et
son navire ne font qu’un. Le Capitaine Bernard Langford a manœuvré de telle
façon que cela semblait très facile.
Souvent, en avion, lorsque le pilote pose l’appareil sur la piste en
douceur et sans encombre, les passagers applaudissent, soulagés. Le Capitaine
Langford méritait ces applaudissements, car une fois encore il a mené son
navire à bon port et en toute sécurité pour nous tous les passagers.
Cette traversée est une nouvelle expérience vécue dans ces Îles si
spéciales.
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