L’eau, les plages, l’accueil, les questionnements, une nouvelle vie et
une belle rencontre. Ce sont les thèmes abordés cette semaine dans cet atelier
où des liens bien spéciaux se sont créés. Certains participants ont préféré
garder leur écrit pour eux, d’autres ont décidé de me l’envoyer plus tard. Le
plus important durant cette heure c’est que nous vivons un moment particulier
dans le salon rouge qui en inspire certains.
* * *
Dépaysement
Drôle de sensation que de se
sentir aussi dépaysée dans son propre pays. Je me surprends parfois à
m’imaginer que je devrai traverser la douane à l’arrivée tellement je suis
mêlée après un séjour dans un endroit pourtant pas si éloigné de chez moi.
Est-ce que ce sont les effets
des gravols et des somnifères?
Ou
l’effet de la croisière?
Je rapporte dans mes bagages
en plus des trésors artistiques, de précieux souvenirs des personnes
sympathiques rencontrées tout au long de cette dernière semaine.
Aujourd’hui, j’ai marché sur
la grève, ramassé des cailloux tout simplement, émerveillé comme un enfant
devant un étal de bonbons comme un dessert à la fin d’un succulent repas.
Claudelle
Je suis née au bord de l’eau.
Toute ma vie, l’eau était près de moi, surtout dans mon cœur.
Les souvenances.
Me retrouver aux Îles de la
Madeleine, voyage dont je rêvais depuis près de 30 ans, m’a quelque peu
attendrie. Par l’eau bien sûr, mais surtout par toutes ces belles petites
maisons colorées.
J’aime la couleur, les roses,
les bleues, les vertes, les mauves qui m’habillent depuis quelque temps m’ont
fait acheter dans mon cœur une petite maison rose-mauve avec de la dentelle et
une grande galerie qui couvre tous les côtés.
Hé oui !
Parfois aux Îles de la
Madeleine, une petite maison se juche très haut et se permet de
« sniquer » tout ce qui se passe autour d’elle. Elle voit loin à
l’horizon des horizons en rond.
Les couleurs étaient aussi
dans le cœur des gens qui, malgré la fatigue que nous pouvions percevoir, nous
servaient avec large sourire, amabilité et courtoisie. Ils nous parlaient des
Îles avec amour et tendresse. Ils aiment leurs îles, ils en sont fiers.
Mon amie, qui habite
maintenant aux Îles, nous a conduites pendant 3 jours. Passionnée par les Îles,
nous ne pouvions avoir meilleure guidance. Un groupe de chanteurs des Îles nous
accompagnait avant l’entrée de chaque village, en plus de la voix de la copine
qui chantait toute la mélodie d’une passion incroyable.
Impossible de ne pas aimer les
Îles.
La chaudrée de palourdes, les
pétoncles, tante Emma, le verre soufflé et le vent.
Vent des Îles avec grande
joie, peur quand même de me faire casser une jambe en ouvrant la porte de
l’auto, mais heureuse de le connaître.
Je repars le vent dans les
voiles…
Hélène
1,3 mètres au-dessus du niveau
de la mer.
C’est pas haut les Îles, c’est
beau.
C’est beau avec ses grands
Madelinots qui me parlent dans leur langue colorée, souvent baignée d’embruns
au point que leur dire m’échoppe.
J’ai vu les Îles comme les
voit un enfant. Et je me suis posé des questions d’enfant :
Pourquoi des rues toutes
croches?
Pourquoi des maisons perchées
si haut?
Pourquoi je ne peux
m’approcher de la falaise?
Puis des questions
d’adultes :
Pourquoi tant de pelouses à
couper?
Comment font-ils, l’hiver,
avec de si longues allées à déblayer?
Et vous m’avez donné une seule
réponse à toutes mes questions.
Parce qu’ici on a le vent, on
a le temps.
Le temps d’errer
Le temps de rêver
Le temps de la mer
Et le temps de l’hiver
C’est ainsi que j’ai vu les
Îles, à 1,3 m au-dessus du niveau de la mer, dans mon fauteuil à 4 roues.
Alain
Je me présente, Lili la mère
de Danny.
La première fois que je suis
venue aux Îles, je venais de perdre mon conjoint après 50 ans de vie commune
ainsi que 3 enfants, 5 petits enfants.
Danny, qui était musicien sur
le bateau CTMA Vacancier, m’a dit :
— Maman, viens avec moi, tu
vas voir les Madelinots et les Madeliniennes sont des gens extraordinaires,
chaleureux, sympathiques. Pour la première fois, c’était mon baptême de mer,
moi qui avait peur de l’eau. Imaginez comment mon cœur pouvait battre fort!
Mais lors de mon embarquement,
j’ai été reçue comme une reine. Tous avaient de la sympathie pour moi, tous prenaient
soin de moi.
Rendue aux Îles, Danny
continuait à me présenter à tous les gens qu’il avait connus. Je voudrais vous
dire que le temps a passé très vite. Me faire bercer par la mer, les couchers
de soleil, mon premier débarquement aux Îles avec les spectacles, les gens qui
ont du talent à revendre, m’ont fait vivre des moments que je n’avais vécu
auparavant.
Vient le moment de retourner
sur le bateau, le cœur triste. Mais la vie m’a donné la chance de pouvoir
revenir pour la sixième fois et mon bonheur grandit toujours.
Désolée, je dois terminer.
J’aurais pu vous en dire plus, mais c’est déjà terminé.
Une nouvelle vie a commencé pour
moi avec amour.
Lili
Messire de la plage.
Escale à Chandler, temps gris.
Je décide de me promener le long de la côte. Le soleil tarde à se lever et à
réchauffer l’air qui devient de plus en plus automnal.
Un sentier se dessine dans
l’herbe en direction de la plage. Ni une ni deux, j’y descends. Je marche sur
les galets. Des galets plats, si plats d’avoir été usé par le ressac de l’eau
qu’ils pourraient se fendre en deux. J’en ramasse quelques-uns que je ramène
avec moi. J’escalade les rochers qui m’amènent sur une autre petite plage.
Le soleil commence à sortir et
fait briller des diamants sur la surface de la mer. Au détour d’une courbe, j’aperçois
une tente bien plantée sur le sable, entourée de bois de plage, décorée de
galets plats, de coquillage et de trésors rejetés par les marées.
Un homme sort de sa tente et
vient me saluer. Il dit s’appeler Bruno Cyr, qu’il passe 2 mois chaque année à
camper sur la plage, entouré de son patio de bois ramassé autour de lui. Il me
montre un grand tronc et m’explique comment il a fait pour le ramener jusqu’à
son campement. Il ajoute que malheureusement, des personnes viennent
régulièrement briser son décor, sa table qu’il s’est fabriquée.
C’est alors que
je me rends compte qu’il a écrit des recommandations, des prières demandant de
ne rien briser. Il ne demande qu’une seule chose, qu’on le respecte. J’y lis un
beau poème écrit à sa façon qui dit ceci :
« J’ai une larme dans mes
yeux qui coule sur tes joues et vient mourir sur tes lèvres. Une autre journée
est passée. »
Ce Messire de la plage vit en
homme libre et est fier de sa condition.
Je le félicite et le salue.
C’est le cœur léger que je
retourne au bateau avec le souvenir de cet homme dans ma mémoire et mes galets
plats dans la poche.
Dominique Damien
Un gros merci aux participants de cette semaine qui m’ont encore une
fois offert un peu d’eux-mêmes. La joie et l’émotion dans leurs yeux sont mon
plus beau cadeau.
Bonne semaine à toutes et à tous.
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