J’ai souvent pensé qu’il y avait quelque chose de magique aux Îles.
Maintenant, je commence à y croire, car je le lis dans les textes que je reçois
chaque semaine. Le ressenti d’une grand-mère qui a du quitter les Îles, des
retrouvailles inespérées, le vent qui impressionne, les oiseaux marins qui
fascinent, les paysages qui laissent bouche bée. C’est tout cela que l’on vit,
c’est toutes ces émotions que l’on ressent lorsque l’on visite les Îles que ce
soit pour la première fois ou que l’on y revient.
* * *
La souvenance
C’est fait, je suis partie
voir ce beau pays qui a bercé mon enfance. Ma grand-mère et quelques fois mon
grand-père parlaient souvent des Îles. Ma grand-mère me disait souvent combien
elle s’ennuyait de ses Îles et comment n’importe quel endroit au monde ne
pouvait être aussi beau. Elle s’ennuyait de la mer, elle s’ennuyait de la
terre, mais surtout de ses gens qu’elle décrivait comme des gens courageux et
merveilleux.
J’ai entrepris ce voyage avec
beaucoup d’espoir de voir ce que ma grand-mère me racontait. Est-ce que je l’ai
vu? Est-ce que je l’ai vécu?
Je vous dirais que je ne
m’attendais pas du tout aux émotions qui sont venues me chercher. Oui, les gens
et le pays sont exactement comme ma grand-mère me l’a décrit. Mais ce qui est
venu me frapper droit au cœur, c’est le lien que j’ai ressenti avec ma
grand-mère quand je suis arrivée avec ma bicyclette dans son village, l’Étang
du Nord. Elle était partout! Sur le chemin du Roi (la route principale), dans
l’anse à Cléophas (l’anse à Ben), dans l’église de La Vernière, dans les buttes
et dans les dunes, mais surtout dans l’odeur et le vent de la mer.
Pendant mes trois jours aux
Îles, j’ai retrouvé mes grands-parents disparus et pour moi c’est le plus beau
des souvenirs que je vais rapporter des Îles.
Lucie
Retrouvailles aux Îles
16 ans, 20 ans. Je ne sais
plus, ça fait tellement longtemps!
Me voilà arrivée dans ce
restaurant, remplie de fébrilité, angoisse, inquiétude. J’attends son arrivée.
Je n’ai aucune idée de la façon du déroulement de cette rencontre. J’ai vraiment
hâte que le supplice de toutes ces émotions qui se bousculent en moi prenne
fin.
16 ans, 20 ans. Et puis ça y
est. La main tout aussi fébrile et tremblante que moi. Le choc du premier
regard passé, nous voici dans les bras l’une de l’autre. Je viens de retrouver
ma nièce si chère à mon cœur.
Les paroles se bousculent, les
larmes, les étreintes et aussi les regards font partie de ce grand moment.
16 ans, 20 ans. Jamais plus je
laisserai autant de temps nous séparer, car oui, je me dois de retourner sur le
bateau qui me ramènera chez moi, avec une tout autre gamme d’émotions, car après
avoir été remplie de cette joie immense, je ressens un grand vide que je sais
cédera la place aux doux souvenirs de cette rencontre. Et c’est le cœur empli
de joie, de ces promesses que nous nous quittons, mais cette fois-ci fuir 16
ans, 20 ans… plus jamais!
Céline
Il y a douze ans, je suis
descendu pour la première fois aux Îles de la Madeleine.
J’ai été conquis par la beauté
physique des lieux, mais surtout par ces habitants que j’ai vus comme de
courageux êtres de cœur et de paroles.
J’y suis retourné et j’y ai
encore été séduit par la richesse de ces gens si créatifs.
Ce peuple inspiré et joyeux,
s’ils étaient plus connus des Québécois, pourrait leur donner une dose
additionnelle de courage, la fierté d’être et le désir de résister à l’homogénéisation
« mondialisante ».
Jean-Guy
Aux Îles de la Madeleine, de
Cap-aux-Meules à Havre-Aubert, notre chauffeur et homme de cœur nous livre
simplement, humblement, sa vie d’ancien cuisinier d’école secondaire puis de
chauffeur et guide fort beau parleur.
Il nous amène au site
d’autrefois à la rencontre de Claude Bourgeois, un ancien pêcheur survivant
d’un naufrage grâce au dos d’une vague où il a posé le sien. Il nous livre
simplement, humblement la vie qu’il a menée sur divers chemins de la terre à la
mer à la terre. Sur la colline, il a construit un village d’autrefois.
Aux Îles de la Madeleine, de
Havre-Aubert à Cap-aux-Meules, notre chauffeur nous invite à chanter. Il
déclare avoir assez parlé. Les passagers entonnent :
« Partons, la mer est
belle, embarquons-nous pêcheurs… »
Et l’eau salée de la mer monte
aux yeux et coule sur les joues de chacun.
Marie-Christine
Oh! Vent de la mer
Brise légère
Beauté gracile
Emporte la peine
Qui envahit mon cœur.
J’ai peur de dire
J’ai peur de lancer
Au vent du large
Ce chagrin lointain.
Larme du cœur de mon enfant
Devenu chagrin d’adolescent
Angoisse d’une maman.
Le visage au vent
Cousu du temps
J’ouvre et je l’offre au vent
du large
Pour que demain
Il ne reste plus rien de cette
douleur
Pour qu’elle puisse maintenant
libre
Courir et danser avec le vent.
Il ne demeure plus rien
Qu’un rire, qu’un sourire, un
printemps.
Le vent a poussé la peur vers
le large
La joie respire et s’agite au-dehors.
Manon
Qu’aucune âme ne peut
traverser
M’a donné le goût de dépasser
mes limites
Pour me rendre vers l’infini
là où la paix m’envahit.
Ô beauté pure, immaculée,
Tu as su me ramener à la
simplicité,
À la passion et à l’émotion.
Merci!
Suzanne
J’aime écrire pour quelqu’un.
Souvent, je m’adresse à mes petits-enfants.
Aujourd’hui plus précisément,
j’aimerais leur faire partager ma visite aux Îles de la Madeleine.
J’ai lu et beaucoup parlé des
Îles au cours des semaines précédant notre départ. J’avais bien hâte de voir ce
beau coin de notre province, ce coin où les gens ont un accent chantant et
savoureux pour les oreilles. Même après des années passées hors des Îles, ils
en parlent encore avec des larmes dans les yeux. Ils ont aussi gardé leur
langage coloré.
Me voilà partie pour une
croisière, une première croisière dans ma vie, un voyage de rêve. Sur le
bateau, je n’ai pas les yeux assez grands et je passe beaucoup de temps à
désirer et vivre en pensée l’arrivée aux Îles. Le cœur me débat lorsqu’on
aperçoit L’Île-d’Entrée au loin, des falaises rouges, de petites maisons sur
les côtes.
Vite, on se retrouve sur la
terre ferme enfin. Le soleil éclaire ces étendues vertes sur le bord d’une mer
bleue à perte de vue. Enfin, on voit le beau Cap-aux-Meules avec son beau belvédère.
Ah que j’ai hâte de voir de là-haut toutes ces petites maisons de toutes les
couleurs que j’imagine depuis des semaines!
J’ai pris beaucoup de photos
de tous ces petits bijoux et j’ai hâte de rencontrer tous ces gens, ces
combattants, ces gens au cœur grand comme la mer.
Colombe
Les fous de Bassan virevoltent
au-dessus de la mer. En groupe ou seuls, ils cherchent le maquereau le plus
gros. Trois cormorans sèchent leur plumage, les ailes étendues comme des
camisoles sur une corde à linge. Ils se laissent bercer par les vagues.
Les fous piquent du nez
au-dessus d’eux en rase-mottes. Ils effleurent l’eau sans y toucher puis
remontent dans les airs. Ils volent, ils tournent en rond regardant d’un œil
bleu et vif où se trouve leur proie sous l’eau.
Les fous ne sont pas si fous.
S’ils n’ont rien trouvé à se mettre dans l’estomac, ils descendent à toute
vitesse vers les cormorans et fendent l’eau comme pour leur faire peur. Le
garde-manger n’est pas bien loin.
Jacqueline
Expérience de voyage!
Expérience de courage!
Pour une première fois, je
voyage avec mes cousines, pleines d’admiration pour les gens de ce coin de pays
si solitaire et si chaleureux.
La tendresse familiale a
découvert un morceau de « p’tit » bonheur : Les Îles de la Madeleine.
Louise
Le vent du large
Me pousse vers la plage.
Les pieds dans l’eau
Sous les rires des oiseaux.
J’accueille ce souffle d’en
haut.
J’y plonge mon âme assoiffée
de liberté.
Îles enchanteresses, avec ta
lumière pleine de tendresse,
Ta terre rouge transpire de
chaleur,
Tes âmes qui inspirent ta
beauté et ta bonté.
Je m’y berce dans tes eaux
bleutées
Et m’y promène pour y retenir
un plaisir d’été.
Sue les étoiles
Il était une fois.
Je me sens une femme libre et
libérée après plusieurs années de travail sur moi-même.
Le calvaire est terminé, je
repars à neuf.
J’ai fêté mes 63 ans sur les
Îles.
Enfin la belle vie!
Je suis décidée, je profite au
maximum.
Je conseille aux dames prises
dans un calvaire,
Libérez-vous!
La vie est belle, même après
36 ans de vie commune.
Francine
L’Île Bonaventure.
Chaque été, des bateaux
s’approchent, fendant l’eau qui m’entoure. Au début, je sentais la fierté
m’envahir. Tous ces gens se déplacent pour venir m’admirer!
En y regardant de plus prêt,
je me rends compte que ce n’est pas moi qu’ils viennent voir. C’est mon voisin
la vedette. Le vent emporte les paroles des personnes accostées au bastingage
du navire :
— À quelle heure arrive-t-on
au Rocher Percé?
— De quel côté va se trouver
le Rocher Percé?
— Malgré la brume, va-t-on
bien voir le Rocher Percé?
Bla, bla, bla…
Pourquoi un simple rocher avec
un trou au milieu attire autant de monde? Qu’a-t-il de plus que moi?
Lui, on ne peut pas en faire
le tour. En plus, il s’effrite d’année en année.
Moi, j’ai plus à offrir. Je
suis parée de couleurs verdoyantes avec les arbres qui me recouvrent. Mes
falaises sont bien plus attirantes.
C’est sans parler de mes
habitants; les fous de Bassan. Ils ne sont pas si fous que cela. Ils ont élu
domicile sur mes hauteurs et dans tous les interstices de mes falaises.
C’est vrai, quelques petits
navires amènent quelques visiteurs et je les gâte. Ils ont la possibilité de
marcher sur mes sentiers pour découvrir la colonie des fous de Bassan.
Seulement, quand les bateaux
de croisière approchent, quelques rares personnes se trouvent sur le pont
tribord. Ils sont tous à bâbord pour le rocher.
Heureusement, quelques
capitaines tournent leur gouvernail dans ma direction et tout à coup le pont
tribord se remplit. C’est à ce moment-là que je donne l’ordre aux fous de
Bassan de faire leur plus belle parade pour les photos.
Moi aussi, je deviens aussi
importante et immortalisée qu’un simple rocher avec un trou en plein milieu.
Dominique Damien
Un gros merci à vous toutes mesdames et un merci particulier à Jean-Guy
le seul homme cette semaine. J’ai passé un très beau moment en votre compagnie.
Bonne semaine à toutes et à tous.
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