La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

lundi 3 août 2015

De la magie, un partage, des états d'âme...

L’atelier d’écriture agit comme par magie. Le lien qui se crée entre les participants efface toute gêne à écrire et à lire. Cette semaine, deux hommes présents et deux femmes. Je remercie ces quatre belles personnes qui m’ont livré leur état d’âme, leur ressenti après ce voyage de trois jours aux Îles. De belles découvertes que ce soit des paysages ou des découvertes intérieures.

* * *

Il était une fois, un voyage que j’ai fait aux Îles de la Madeleine. J’avais entendu parler des Îles de la Madeleine plus souvent qu’autrement à la télévision : « ensoleillé aux Îles de la Madeleine, mais venteux »

Mon voisin à Sté-Thérèse de Blainville et sa femme, qui est native des Îles, m’en parlaient à l’occasion surtout quand ils y allaient passer leurs vacances. Mais pour moi c’était loin, plus haut que la Gaspésie.
Me voilà sur le bateau en croisière aux Îles de la Madeleine. Je ne savais pas que c’était aussi beau, même par temps gris : Cap aux Meules, Havre aux Maisons. Plus le temps passait, plus je découvrais sa culture, ses chansons, ses légendes oubliées. Ici, tout est balayé, mais l’âme reste là. L’histoire refait surface à chaque petit village : Havre Aubert, La Grave.

Dans chaque famille, un conteur, sur des notes de musiques, raconte l’histoire des Madelinots, les légendes, les naufrages.

Faut que j’y revienne…

Tante Emma, son spectacle. La Fred Pellerin des Îles…

Normand

« Îles » me manquent…

Il me manque la joie réelle de vivre afin d’apprécier la beauté de ce qui m’entoure. L’immensité océanique se déploie autour de moi, figé sur le petit espace des Îles où je me trouve; comme je voudrais mieux l’apprécier du regard, goûter ses saveurs âprement extirpées de ses entrailles, humer ses enivrants arômes, me soûler jusqu’à la perte de conscience des nectars goûteux de ses bagosses.

Il me manque l’amour essentiel de l’autre, femme fantasmée, espérée à mes côtés, prenant ma main dans la sienne, saisissant mon regard avec ses yeux de tempêtes apaisées, rassérénante présence dans mes ouragans d’émotions nocturnes.

Il me manque l’endroit de l’univers où, pouvant m’isoler enfin avec la personne de mes onirismes indécents, je me livrerais aux sublimes exultations nécessaires afin de me croire vivant, de me reconnaître agent existentiel d’une réalité ontologique.

Jocelyn

J’ai peur de l’eau, j’embarque sur le bateau. Chaque instant est important dans ce que je vais vivre.


C’est beau le départ de Montréal et plus on avance, plus j’aime cela. Je ne savais pas que j’avais le pied marin. Il est 21 h et je suis encore sur le pont. C’est beau, j’aime ça et j’aime cette sensation qui m’habite. Je n’ai pas dormi de la nuit, mais ce n’est pas important. Je veux vivre intensément tout ce qui se passe autour de moi. Les gens sont chaleureux, j’ai déjà des amis à qui parler.

Je suis perdue sur le bateau. Je n’ai aucun sens de l’orientation, mais j’aime ça. Qu’importe où cela m’amène, j’explore. Je change d’étage, c’est beau.

J’arrive aux Îles, c’est dépaysant. C’est beau. Les gens sont chaleureux, leur accent est charmant comme une musique à mes oreilles. Je constate qu’en jasant avec eux, j’ai déjà cet accent.

On repart des Îles, j’ai le cœur gros. Je reviendrai, c’est certain, car la magie a agi sur moi.

Diane

Les Îles de la Madeleine c’est loin. Une terre inconnue à découvrir. Mais par chez nous, on s’en vante d’y être allé. J’hésite à nommer mon malaise. La curiosité versus la longue route, les deux me font trembler : le doute de quitter le connu, le cosy et la routine m’ont attristée la veille du départ.

Ben! la route se fait par étapes et pleins de gens en chemin sont remplis d’expectatives. Ça aide à oublier la distance. Puis dès l’arrivée, je suis allégée par le charme des détails maritimes et le libre espace entre toutes choses.

Trois jours aux Îles, ce n’est pas beaucoup, mais c’est mieux que pas du tout. J’aimerai assez le lieu, mais je préférerai les aventures de survivance et les ingénieries humaines qui perpétuent des races madeliniennes.

Leurs efforts pour préserver ce joyau du Québec valaient le détour, la fatigue du voyage, les serrements de mon cœur devant mes attentes. Entendre parler des Îles, ce n’est pas assez, les voir c’est mieux.

Je doute d’avoir en moi la parcelle d’âme qu’il faut pour être insulaire. Le plancher des vaches me va bien. L’arbre qui monte vers le ciel abrite mes prières. Mais enfin je connais le vent du large, le vent des Îles. Il a chanté chaque jour pour moi sans en comprendre son langage. Lui restera quelque part dans ma tête ou dans mon être. Je pense que quelques jours de plus aux Îles, le vent obsédant avec sa musique, ce vent, j’aurais fini par y goûter. Je pense que la prochaine fois, je veux l’avaler. Peut-être gonflera-t-il mon âme pour l’ouverture à d’autres aventures loin, différentes, maritimes ou non.

Je ne veux pas me vanter d’aller aux Îles, je veux dire aux autres que j’ai pris un bain de vent.

Ginette

L’instantané

Le tout de suite, le sur le moment.
Sans réflexion, sans y penser.

Je prends ma feuille et mon crayon.
Je laisse passer les mots,
Je les couche sur le papier.

Les mots!
Quels mots écrire?

On ne pense pas, on ne réfléchit pas.
C’est l’instantané.

Tous les mots qui nous passent par la tête.
Toutes les images sorties de nos souvenirs.

Mon crayon dessine des arabesques
Qui ressemblent à des lettres.

Ces lettres qui forment des mots,
Qui eux-mêmes forment des phrases.
La page se noircit. Ses lignes se remplissent.

L’instantané fait vivre des idées insoupçonnées.
Tiens! Comment en suis-je arrivée à écrire ce texte?
Plus je pensais, moins je trouvais.
Plus je me creusais la tête, moins d’idées j’avais.

Un mot.
Il a suffi d’un mot pour que mon crayon obéisse à mon cerveau.
Et aligne mot après mot sans trop savoir pourquoi.

Aujourd’hui, c’est un mot.
Demain, ce sera une image
Ou même un son
Ou simplement…
Simplement une idée qui me passe par la tête.

Enfin, mon texte s’achève sur ce mot.
Ce mot prononcé, là comme ça, sans y penser.
Un mot instantané…

L’instantané.

Dominique Damien


Encore merci aux participants et bonne semaine à toutes et à tous.


Aucun commentaire:

Publier un commentaire