L’atelier d’écriture agit comme par magie. Le lien qui se crée entre
les participants efface toute gêne à écrire et à lire. Cette semaine, deux
hommes présents et deux femmes. Je remercie ces quatre belles personnes qui
m’ont livré leur état d’âme, leur ressenti après ce voyage de trois jours aux
Îles. De belles découvertes que ce soit des paysages ou des découvertes
intérieures.
Il était une fois, un voyage
que j’ai fait aux Îles de la Madeleine. J’avais entendu parler des Îles de la
Madeleine plus souvent qu’autrement à la télévision : « ensoleillé
aux Îles de la Madeleine, mais venteux »
Mon voisin à Sté-Thérèse de
Blainville et sa femme, qui est native des Îles, m’en parlaient à l’occasion
surtout quand ils y allaient passer leurs vacances. Mais pour moi c’était loin,
plus haut que la Gaspésie.
Me voilà sur le bateau en
croisière aux Îles de la Madeleine. Je ne savais pas que c’était aussi beau,
même par temps gris : Cap aux Meules, Havre aux Maisons. Plus le temps
passait, plus je découvrais sa culture, ses chansons, ses légendes oubliées.
Ici, tout est balayé, mais l’âme reste là. L’histoire refait surface à chaque
petit village : Havre Aubert, La Grave.
Dans chaque famille, un
conteur, sur des notes de musiques, raconte l’histoire des Madelinots, les
légendes, les naufrages.
Faut que j’y revienne…
Tante Emma, son spectacle. La
Fred Pellerin des Îles…
Normand
« Îles » me manquent…
Il me manque la joie réelle de
vivre afin d’apprécier la beauté de ce qui m’entoure. L’immensité océanique se
déploie autour de moi, figé sur le petit espace des Îles où je me trouve; comme
je voudrais mieux l’apprécier du regard, goûter ses saveurs âprement extirpées
de ses entrailles, humer ses enivrants arômes, me soûler jusqu’à la perte de
conscience des nectars goûteux de ses bagosses.
Il me manque l’amour essentiel
de l’autre, femme fantasmée, espérée à mes côtés, prenant ma main dans la
sienne, saisissant mon regard avec ses yeux de tempêtes apaisées, rassérénante
présence dans mes ouragans d’émotions nocturnes.
Il me manque l’endroit de
l’univers où, pouvant m’isoler enfin avec la personne de mes onirismes
indécents, je me livrerais aux sublimes exultations nécessaires afin de me
croire vivant, de me reconnaître agent existentiel d’une réalité ontologique.
Jocelyn
J’ai peur de l’eau, j’embarque
sur le bateau. Chaque instant est important dans ce que je vais vivre.
C’est beau le départ de Montréal et plus on avance, plus j’aime cela. Je ne savais pas que j’avais le pied marin. Il est 21 h et je suis encore sur le pont. C’est beau, j’aime ça et j’aime cette sensation qui m’habite. Je n’ai pas dormi de la nuit, mais ce n’est pas important. Je veux vivre intensément tout ce qui se passe autour de moi. Les gens sont chaleureux, j’ai déjà des amis à qui parler.
Je suis perdue sur le bateau.
Je n’ai aucun sens de l’orientation, mais j’aime ça. Qu’importe où cela
m’amène, j’explore. Je change d’étage, c’est beau.
J’arrive aux Îles, c’est
dépaysant. C’est beau. Les gens sont chaleureux, leur accent est charmant comme
une musique à mes oreilles. Je constate qu’en jasant avec eux, j’ai déjà cet
accent.
On repart des Îles, j’ai le
cœur gros. Je reviendrai, c’est certain, car la magie a agi sur moi.
Diane
Les Îles de la Madeleine c’est loin. Une terre inconnue à découvrir.
Mais par chez nous, on s’en vante d’y être allé. J’hésite à nommer mon malaise.
La curiosité versus la longue route, les deux me font trembler : le doute
de quitter le connu, le cosy et la routine m’ont attristée la veille du départ.
Ben! la route se fait par étapes et pleins de gens en chemin sont
remplis d’expectatives. Ça aide à oublier la distance. Puis dès l’arrivée, je
suis allégée par le charme des détails maritimes et le libre espace entre
toutes choses.
Trois jours aux Îles, ce n’est pas beaucoup, mais c’est mieux que pas du
tout. J’aimerai assez le lieu, mais je préférerai les aventures de survivance
et les ingénieries humaines qui perpétuent des races madeliniennes.
Leurs efforts pour préserver ce joyau du Québec valaient le détour, la
fatigue du voyage, les serrements de mon cœur devant mes attentes. Entendre
parler des Îles, ce n’est pas assez, les voir c’est mieux.
Je doute d’avoir en moi la parcelle d’âme qu’il faut pour être
insulaire. Le plancher des vaches me va bien. L’arbre qui monte vers le ciel
abrite mes prières. Mais enfin je connais le vent du large, le vent des Îles.
Il a chanté chaque jour pour moi sans en comprendre son langage. Lui restera
quelque part dans ma tête ou dans mon être. Je pense que quelques jours de plus
aux Îles, le vent obsédant avec sa musique, ce vent, j’aurais fini par y
goûter. Je pense que la prochaine fois, je veux l’avaler. Peut-être
gonflera-t-il mon âme pour l’ouverture à d’autres aventures loin, différentes,
maritimes ou non.
Je ne veux pas me vanter d’aller aux Îles, je veux dire aux autres que
j’ai pris un bain de vent.
Ginette
L’instantané
Le tout de suite, le sur le
moment.
Sans réflexion, sans y penser.
Je prends ma feuille et mon
crayon.
Je laisse passer les mots,
Je les couche sur le papier.
Les mots!
Quels mots écrire?
On ne pense pas, on ne
réfléchit pas.
C’est l’instantané.
Tous les mots qui nous passent
par la tête.
Mon crayon dessine des arabesques
Qui ressemblent à des lettres.
Ces lettres qui forment des
mots,
Qui eux-mêmes forment des
phrases.
La page se noircit. Ses lignes
se remplissent.
L’instantané fait vivre des
idées insoupçonnées.
Tiens! Comment en suis-je
arrivée à écrire ce texte?
Plus je pensais, moins je trouvais.
Plus je me creusais la tête,
moins d’idées j’avais.
Un mot.
Il a suffi d’un mot pour que
mon crayon obéisse à mon cerveau.
Et aligne mot après mot sans
trop savoir pourquoi.
Aujourd’hui, c’est un mot.
Demain, ce sera une image
Ou même un son
Ou simplement…
Simplement une idée qui me
passe par la tête.
Enfin, mon texte s’achève sur
ce mot.
Ce mot prononcé, là comme ça,
sans y penser.
Un mot instantané…
L’instantané.
Dominique Damien
Encore merci aux participants et bonne semaine à toutes et à tous.
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