La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

lundi 21 décembre 2015

Les lumières qui égaient la vie

Dans un petit village vivait Albert un homme sans famille et sans amis. Il demeurait reclus dans sa petite maison. Cela faisait tellement longtemps qu’il ne voyait plus personne qu’il craignait qu’on lui adresse la parole. Il n’aurait su quoi dire ou quoi répondre.

Chaque matin il se levait, ramassait son journal devant sa porte, le lisait en buvant son triste café. Il prenait connaissance de tous les malheurs du monde. Aucune bonne nouvelle ne pourrait égayer ses journées fades qui défilaient jour après jour. Il espérait retrouver Justine, sa merveilleuse femme qui l’avait quitté un matin de Noël il y a de cela quinze ans. Ils n’avaient pas eu d’enfants, mais avaient vécu une vie heureuse. Ils riaient souvent, ils sortaient et s’amusaient comme des enfants, surtout l’hiver dans la neige.

Depuis le départ de Justine, la vie d’Albert s’était éteinte. Plus de sorties, plus de rires. Il s’était tellement renfermé sur lui-même qu’il ne l’avait pleuré que lorsqu’elle avait fermé les yeux pour la dernière fois et devant son cercueil au cimetière du village. Ce n’est pas qu’il lui en voulait! Non, il était simplement triste et désemparé. Justine était son moteur.
 Chaque période de Noël était un calvaire pour Albert depuis ce jour. Il désirait plus que tout s’endormir et ne se réveiller qu’au printemps. Désormais, il détestait ce temps où tout le monde chante et s’amuse et se retrouve en famille.

Ce matin du 21 décembre, absorbé par sa lecture des catastrophes mondiales, Albert ne se rendit pas compte qu’un petit personnage était attablé à côté de lui.

— Vous ne devriez pas lire ça, Albert.

Albert sursauta si fort qu’il renversa sa tasse de café sur son journal.

— Qui êtes-vous? Comment êtes-vous entré? réussit-il à articuler, malgré les battements accélérés de son cœur.

— Je suis le Lutin des lumières pour vous servir.

— Le Lutin des lumières! C’est une blague. Je n’ai besoin de rien et surtout pas des services d’un Lutin. Et puis comment connaissez-vous mon nom?

— Je vous connais Albert. Je vous observe depuis de nombreuses années. Je sais que vous êtes malheureux depuis que Justine vous a quitté. Elle n’aimerait pas vous voir dans cet état. Depuis tout ce temps, il faut vous ressaisir.

— Me ressaisir? Mais pour faire quoi. Je n’avais que ma belle Justine dans la vie. C’est moi qui aurais dû partir. Elle, elle aurait su comment survivre et continuer à s’amuser.

— Alors, faites ce que Justine aurait fait. Vous aimiez décorer votre maison. Pourquoi avoir arrêté?

— Parce que c’est Justine qui voulait le faire. Elle était beaucoup plus enjouée que moi. C’est grâce à elle si je me suis tant amusé auparavant. Maintenant qu’elle n’est plus là, à quoi cela me servirait d’installer les décorations? De toute façon, personne ne vient jamais me visiter. Si vous me connaissez si bien, vous devez le savoir que je n’ai aucune famille. Je suis seul au monde, dans un monde qui part à la dérive.

— D’après vous pourquoi tout le monde décide d’apporter un peu de gaîté en ce temps de fêtes? C’est une très belle façon d’oublier les malheurs pour un temps, de se tourner vers les autres et d’emmagasiner de la chaleur humaine. Ne restez pas seul enfermé dans votre maison qui disparaît la nuit tombée.

— Vous pensez que mettre des lumières sur ma maison va faire venir les visiteurs. Personne ne s’occupe plus de son voisin. Chacun vit dans sa propre bulle. Si je venais à mourir ce soir, personne ne s’en apercevrait.

— Vous avez un peu raison, je vous l’accorde. Promettez-moi de faire un essai cette année. Si j’ai tort, jetez vos lumières et ne les installez plus jamais. Si j’ai raison, vous allez vivre un beau temps des fêtes avec vos voisins. Me le promettez-vous?

Albert regardait le Lutin sans dire un mot. Il se revoyait avec Justine alors qu’ils installaient les lumières avant la première neige. Comme sa maison était belle à ce moment-là!


— Si cela peut vous faire plaisir, dit-il finalement. Mais je ne suis pas tout jeune, je ne peux plus monter sur l’échelle.

— Pourquoi ne pas aller voir votre voisin et lui demander de vous aider?

— Pourquoi le ferait-il? Il ne me connaît même pas.

— C’est ce que vous pensez. Regardez, il est devant sa maison, c’est le temps de sortir et de lui demander.

— Qu’est-ce que je vais lui dire?

— Laissez parler votre cœur tout simplement.

Le Lutin avait fini par réveiller un peu de bonheur dans le cœur calcifié d’Albert. Ce dernier se leva, mit son manteau et ses bottes puis traversa la rue. Son voisin le salua gentiment. Le Lutin regardait par la fenêtre en souriant. De temps en temps, les deux hommes regardaient la maison d’Albert. Quelques minutes plus tard, Albert rentra les larmes aux yeux.

— Vous aviez raison, dit-il. Cet homme est très gentil. Il va venir m’aider à installer les lumières sur ma maison. Même plus, il m’a invité à festoyer avec sa famille quand je lui ai dit que j’étais seul.

— Je suis content, criait le Lutin en sautant partout. Je peux partir maintenant que tout est arrangé pour vous.

— Non ne partez pas encore.

— Ne vous inquiétez pas. Je repasserai de temps en temps. J’ai d’autres missions qui m’attendent. Vous savez, vous n’êtes pas le seul dans votre situation. Et puis l’année prochaine, je reviendrai voir si vos lumières brilleront.

— Si tout se passe bien cette année, c’est évident que je recommence l’année prochaine.

Albert était transformé. Son visage s’illuminait quand il parlait. Il semblait avoir rajeuni de plusieurs années.

— Attention Albert. Après les fêtes, ne vous renfermez pas à nouveau dans votre tristesse. Continuez à visiter vos voisins. Sortez, occupez-vous et aidez les personnes qui ont besoin d’un petit coup de pouce.

Albert prit conscience qu’une nouvelle vie s’ouvrait à lui. Enfin, le soleil allait à nouveau briller pour lui et il se sentit léger.

— Merci mon ami Lutin des lumières. Revenez me voir s’il vous plaît. Vous verrez comment j’ai avancé. Allez maintenant aider ceux qui ont besoin de vous. Moi je vais aller sur la tombe de Justine et lui raconter votre visite.

— Très bien. Au revoir Albert. Ce fut un plaisir de discuter avec vous. Vous avez encore de belles choses à accomplir.

Le soir venu, Albert était allé au cimetière avec un bouquet de fleurs, sa dernière visite datait de bien longtemps, puis, aidé de son voisin, les lumières illuminaient sa maison. Il s’était préparé un bon souper qu’il avait dégusté avec un plaisir retrouvé.


Le soir de Noël, il traversa à nouveau la rue. Il avait mis ses plus beaux habits et passa la plus belle soirée qu’il n’avait jamais passée depuis le départ de Justine. Ses voisins étaient heureux qu’il ait accepté, car depuis des années ils s’inquiétaient pour lui, mais ne savaient quoi faire pour lui remonter le moral.

L’année qui suivit fut comme un tourbillon pour Albert. Il était présent à toutes les rencontres qui pouvaient y avoir, il s’impliquait dans toutes les activités, il aidait les gens dans le besoin. Il a même appris à cuisiner et invitait ses nouveaux amis.

De temps en temps, le Lutin revenait faire un tour afin de voir si tout allait bien pour Albert. Un an après sa première visite, Albert décora à nouveau sa maison, mais ajouta un Lutin géant devant sa porte qu’il saluait chaque fois qu’il passait devant.



Ce petit conte de Noël vient clôturer cette année de blogue, de belles rencontres, de belles expériences. Je prends un petit arrêt d’écriture pour vous retrouver le 11 janvier 2016 avec de nouvelles histoires inventées ou vécues.


Je vous souhaite toutes et tous de très belles fêtes, entourés de vos familles et amis. Que cette nouvelle année qui approche à grands pas vous apporte bonheur, santé, réalisation de tous vos projets. Joyeux temps des fêtes.

lundi 14 décembre 2015

Un pas dans l’univers

Non, je ne fais pas référence au premier homme qui a marché sur la Lune. Mais une question se pose. Ce fameux premier pas de l’homme sur la Lune n’est-il pas le déclencheur de toute cette technologie qui fait aujourd’hui partie de nous et nous relie tous les uns aux autres?

Le 11 décembre dernier, j’envoyais une partie de moi dans l’univers. Depuis 10 ans que j’écris des romans, des poèmes, des chansons, des textes commandés ainsi que 137 messages dans mon blogue, j’ai fait un pas de plus vers l’univers virtuel.

J’ai eu mes doutes, mes remises en question, mes tentatives d’abandon, mais ma passion pour l’écriture l’a toujours emporté. Tous les écrivains, comme moi, qui tentent de percer dans le monde fermé des éditeurs, ont vécu plus ou moins la même chose.

Heureusement, il y a mes lecteurs, les fidèles et les lecteurs de passage. Lorsqu’ils m’envoient un message de félicitations pour mon dernier livre et me remercient de leur avoir fait passer un excellent moment, voilà toute ma récompense.

Ce 11 décembre, je suis passée dans une autre dimension. J’ai inscrit mon livre dans l’univers d’Amazon. Finissants 92 : Rencontre ultime, c’est son titre, est maintenant offert à travers le monde en version numérique.


Vous désirez vous le procurer? C’est très simple. Il suffit de vous rendre sur le site amazon.ca (ou .fr, ou .com ou tout autre endroit dans le monde), cliquez dans Parcourir la boutique – puis livres – livres numériques en français. Tapez ensuite mon nom dans la recherche et mon livre apparaîtra. Un simple clic et il est à vous. Gâtez-vous, c’est le bon temps pour vous faire ce petit cadeau.

Mais ce n’est pas tout. Parlez-en autour de vous, partagez l’information. Comme dit le proverbe :

Plus on est de fou (à lire) plus on rit…

Alors, rions tous ensemble.

Ensuite, écrivez vos impressions, ce que vous avez aimé ou pas aimé. Ces commentaires seront le lien entre vous et moi et me permettront de m’ajuster ou pas pour les prochains livres. Car oui il devrait y en avoir d’autres.

Bien sûr dans un premier temps, je privilégie le numérique. J’essaie de m’adapter aux nouvelles technologies. Par la suite, pour les futurs romans, une version papier sera aussi offerte sur amazon pour les amateurs du livre à tenir dans la main et à feuilleter.

D’avance, je vous remercie toutes et tous de m’encourager et de faire en sorte que ma passion pour les mots ne s’éteigne jamais.

La semaine prochaine, nous serons à la veille du temps des fêtes. Il sera temps pour moi de vous offrir un conte de Noël dans mon prochain blogue. Ensuite, je prendrais une petite relâche de deux semaines et vous retrouverai début janvier. 


Bonne semaine à toutes et à tous.

lundi 7 décembre 2015

L’étranger d’un autre monde

Venu d’une contrée lointaine, un petit personnage étrange traverse le village. Tous les habitants se demandent qui peut-il être. Surtout, ce qui les surprend le plus est sa petite taille. Il ne paraît pas méchant et quand les villageois le croisent, ils ne le craignent pas.


Jusqu’à ce jour, personne ne lui avait adressé la parole et il n’avait jamais parlé avec qui que ce soit. Il déambule dans les rues du haut de ses trois pommes saluant les passants, s’inclinant devant les femmes. Petit à petit, tout le monde s’habitue à sa présence silencieuse. Presque tout le monde.

Un petit comité créé dès son arrivée voulait en savoir plus sur cet être étrange venu de nulle part et surtout de ses intentions. Ils avaient tous entendu des histoires d’horreurs d’inconnus aux formes bizarres descendus de l’espace venus prendre possession du territoire et massacrant tous les habitants. Ne trouvant dans les livres aucune réponse à leurs questions, ils décidèrent d’aller voir le professeur d’école. Lui devait savoir à qui on avait à faire.

C’est ainsi qu’à la nuit tombée, quelques hommes se rendirent au domicile du professeur. 

Ce dernier était plongé dans ses épais et vieux livres. Les lunettes posées sur le bout de son nez, il accueillit ses visiteurs. Après lui avoir expliqué l’objet de leurs inquiétudes, le professeur tenta de les rassurer.

— Comme vous, mes amis, je me suis demandé qui pouvait bien être ce personnage. Depuis son arrivée, je fouille dans mes vieux livres à la recherche d’explications, mais surtout de témoignages.

— Avez-vous trouvé quelque chose, professeur?

— Tout ce que j’ai lu dit la même chose. Ce sont des créatures d’un autre monde…

— Je le savais, l’interrompit le plus nerveux.

— Non, non. Nous n’avons rien à craindre, reprit le professeur. Écoutez-moi. Ces êtres sont appelés des gnomes. Comme je vous le disais, ce sont des créatures venues d’un autre monde, mais douées d’une grande connaissance et des secrets telluriques.

— Secrets tell… quoi?

— Secrets telluriques cela veut dire tout ce qui provient de la terre. Si un gnome adopte un lieu, alors tout va s’améliorer. Nous ne devons pas le chasser.

— Alors pourquoi ne dit-il pas un mot? Pourquoi ne nous dit-il pas ce qu’il est venu faire ici? Pourquoi nous?

— Je pense, mais je peux me tromper, qu’il nous observe afin de savoir si l’on est prêt à l’écouter et le croire. Dès qu’il sera sûr, il nous expliquera la raison de sa présence. Ne vous inquiétez pas mes amis. Demain, je vais lui parler.

— Parfait, nous comptons sur vous. Bonsoir professeur.

Le professeur replongea dans la lecture de ses livres. Il s’était donné une mission qu’il n’était pas sûr de mener à bout. Il espérait ne pas s’être trompé. Il cherchait une manière d’entamer la conversation avec ce visiteur étrange.

Le lendemain, il enfourcha son cheval et parti à la recherche du gnome. Après avoir contourné la tour du château, il entendit une voix inconnue l’interpeller.

— Bonjour professeur. Beau temps pour une promenade.

Le professeur leva la tête et vit le gnome assis sur le haut du mur d’enceinte.

— Oh bonjour… balbutia le professeur.

— Je crois que vous voulez me parler. N’est-ce pas?

— En effet, vous avez raison. Mes concitoyens sont un peu inquiets de votre présence et je les ai rassurés. Mais ils veulent en savoir plus.

— Je comprends, je comprends. Je vous trouve courageux. Je n’ai pas toujours eu ce genre d’accueil dans les endroits où j’ai voyagé. Vous pourrez transmettre ce message aux habitants. Je ne vous veux aucun mal, bien au contraire. Je suis ici pour vous aider à utiliser les ressources de votre village afin que tous vous en bénéficiiez sans que la terre n’aie à en souffrir. C’est ma mission parmi vous. Dès que j’aurai atteint mon but, je vous quitterai pour un autre endroit.


C’est ainsi que tous les habitants écoutèrent l’étrange personnage et finirent par se lier d’amitié pour ce gnome à l’allure insolite. Quelques années plus tard, ses recommandations avaient porté fruits et le village faisait partie des endroits les plus prospères de ce pays. Jamais personne ne dévoila la raison d’un tel changement et où ils avaient eu ces idées de développement.


Au moment de son départ, une fête fut organisée afin de remercier le gnome pour ses judicieux conseils et sa gentillesse envers la population. Encore aujourd’hui, les habitants se souviennent de lui et il fait désormais partie des contes que les anciens racontent aux jeunes enfants afin de perpétuer son souvenir.

* * *

Voici comment un vase et un objet de décoration ont pu m’inspirer cette semaine.


Bonne semaine à toutes et à tous.