La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

samedi 25 juin 2016

Une rencontre émouvante

Semaine de congé maritime, donc congé d’atelier d’écriture. Je voulais partager avec vous ce que j’ai vécu sur le bateau. La rencontre de deux personnes que tout sépare, mais qui nous ont fait vivre un moment exceptionnel.

Vendredi 17 juin, arrive sur le bateau Nathalie, une femme gravement handicapée dans un fauteuil roulant poussé par Julie. Elle n’est pas de la parenté. Elle l’accompagne durant sa croisière. C’est son métier. Pas facile d’entrer et de sortir de l’ascenseur, mais nombreux sont ceux qui lui viennent en aide.

En soirée, le chanteur Rémi Langlois nous offre sa prestation en invitant les passagers à venir danser. Nathalie fait rouler son fauteuil du mieux qu’elle peut jusqu’à la piste de danse et se met à bouger ses épaules en tapant des mains. Rémi Langlois, très généreux avec son public, la salue et s’approche d’elle avec sa guitare. Nathalie est aux anges et frappe des mains en cadence.

Le lendemain, Rémi nous offre une prestation d’Elvis Presley. Je suis légèrement en arrière de la scène et je ne vois pas très bien le public. Tout à coup, tous se mettent à rire. Je ne comprends pas et Rémi Langlois non plus. Nathalie avance avec son fauteuil et agite sa clé de chambre imitant ainsi une autre femme à côté d’elle. C’est à ce moment-là que plusieurs clés de chambre sont jetées sur le plancher au pied de Rémi. Nathalie roule son fauteuil juste en avant de lui, elle se laisse glisser par terre et se met à genoux.

Rémi s’avance, s’agenouille à son tour devant Nathalie et la prend dans ses bras en continuant de chanter.

Toute la salle est émue par ce moment attendrissant et les applaudit tous les deux.

Plus tard, lors de la prestation du groupe Beatles Story, soudain je vois Rémi qui avance avec Nathalie vers le groupe. Elle décide de se lever du mieux qu’elle peut, elle prend Rémi dans ses bras et ils dansent ensemble. À nouveau, les passagers sont émus et plusieurs veulent immortaliser ce moment.


Le lendemain, j’ai eu la chance de parler avec Julie, l’accompagnatrice. Lorsque je lui ai demandé depuis quand elle connaissait Nathalie et qu’elle l’accompagnait, elle m’a répondu, depuis le début de la croisière.

Julie a créé une entreprise qui contribue au maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie (www.quietudechezsoi.com). Parmi tous les services offerts, il y a celui d’accompagnement.
Lorsque Nathalie a appelé son bureau, après quelques minutes, elle désirait que ce soit Julie qui l’accompagne durant la croisière. Elle avait confiance en elle. Pour Julie, cela semblait difficile, car elle avait sa compagnie à gérer.

Après une visite à domicile, à nouveau Nathalie a insisté pour que Julie fasse partie du voyage. Julie m’a avoué que Nathalie était tellement attachante qu’elle n’a pu refuser. Voilà comment ces deux femmes que la vie a réunies se sont retrouvées sur le bateau.

Malgré son handicap lourd, Nathalie a vécu une merveilleuse croisière et je suis certaine qu’elle s’en souviendra longtemps.

 
C’est ça aussi les croisières. Être à bord me permet de vivre des émotions fortes qu’on ne trouve nulle part ailleurs.

J’ai voulu partager avec vous cette expérience, car c’était tellement fort, émouvant et enrichissant que je ne pouvais le garder pour moi toute seule. Avoir pu filmer, vous auriez pu comme moi essuyer la petite larme qui coulait du coin de l’œil.

Merci Mesdames de nous avoir accompagnés cette semaine. Vous êtes une inspiration pour beaucoup d’entre nous.


Bonne semaine à toutes et à tous.

dimanche 19 juin 2016

Un grand départ pour les croisières

Après un hiver et un printemps à m’installer dans mon nouveau chez moi, à m’initier à la couture, à me préparer pour cet été qui débute, il fut temps de faire mes bagages direction les Iles de la Madeleine.

Après quelques jours d’installation aux Iles de la Madeleine sous un temps gris et pluvieux, ce mardi 14 juin fut le premier jour des douze semaines et demie que va être ma saison maritime 2016. Ça y est, la saison des croisières est lancée. J’ai commencé ma première journée à bord du CTMA Vacancier avant le grand départ ce soir.

Au programme, ateliers d’écriture bien sûr. Ce sera encore un réel plaisir de partager avec les passagers cette heure hebdomadaire où nous allons échanger nos émotions et des petits moments de nos vies.

Également, comme les années précédentes, je vais alimenter la page Facebook de croisière CTMA avec des petits reportages à bord et à terre lors des escales.

Première journée de travail, premier atelier d’écriture. Du nouveau cette année. Chaque semaine, je proposerai un thème différent selon le groupe ou selon ce qu’il s’est passé durant la traversée.

Cette semaine, chaque participant me donne un chiffre entre 7 et 300. Ce chiffre correspond à un numéro de page du livre « Un cadavre dans le chalut ». Je lis le mot ou le groupe de mots du début de la page. Tous ces mots devront être inclus dans un texte.

Voici ce que j’ai composé avec les mots suivant : Les pêcheurs – Voyant sa chance inouïe – Seulement – Je n’ai aucune idée – Jacques.

* * *

Un homme se promène sans but précis dans ce lieu inconnu. Cet endroit dont personne ne parle.
Simplement à regarder autour de lui, il est intrigué par la façon dont les habitants vivent. Cet endroit au bord de la mer pourrait ressembler à tout autre lieu maritime, mais celui-ci est très mystérieux.

Jacques, car c’est son nom, veut en savoir plus. Il tape à la porte de la première maison. Aucune réponse. Il poursuit son chemin et frappa à la deuxième maison. Même s’il entend des voix, personne ne vient ouvrir.

Troisième maison, la porte est ouverte. Voyant sa chance inouïe, il n’hésite pas et entre en saluant les habitants. Des pêcheurs attablés devant leur souper le regardent, ébahis, ne sachant quoi dire.

— Excusez-moi de vous déranger messieurs. Je voudrais seulement en apprendre un peu plus sur votre village. 

Les pêcheurs fixent le visiteur sans répondre. Le mystère s’épaissit et Jacques est encore plus perdu.

— En fait, messieurs, reprit-il, je n’ai aucune idée de l’endroit où je me trouve. De plus, je ne sais même pas si vous parlez la même langue que moi.

Le plus vieux des hommes pose sa cuillère, se lève et s’approche de Jacques. Ce dernier a un léger réflexe de recul, mais finalement se laisse entraîner. Le pêcheur lui présente une chaise, lui sert un bol de souper et lui tend un gros morceau de pain fait maison.

— Vois-tu mon ami, dit l’homme, ici tu es dans le seul endroit encore libre à travers le monde. Je ne sais pas comment tu y es arrivé, mais nous te demandons de le garder secret. Nous avons toujours vécu ainsi et il n’y a aucune raison que cela change. Nous sommes heureux comme cela et voulons le rester longtemps.
Mange ta soupe, retourne chez toi et oublie-nous ou ne parle à personne. Ou bien tu peux rester avec nous.

Un son strident fait sursauter Jacques. Il se retourne, la faim le tenaillant, il éteint son réveil.



Bonne semaine à toutes et à tous.