La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

dimanche 26 octobre 2014

LA FIN DE…

Le thème abordé cette semaine est tout un défi. Un simple petit mot utilisé très souvent.
LA « FIN » : Beaucoup de signification dans ce tout petit mot lorsqu’on y pense. Merci à Jeannine Lamarre pour cette proposition. Voici ce que je peux en dire :


LA FIN DE…

La fin peut faire peur, car on pourrait penser que le néant suit. Bien au contraire, la fin peut être le début d’autre chose.

La fin de la gestation du fœtus est le début de la vie.
La fin de l’enfance est le début de l’adolescence.
La fin de la jeunesse et le début de la vie d’adulte.
La fin des études est le début d’une carrière.
La fin du célibat est le début d’une vie à deux.
La fin de la vie à deux est le début d’une nouvelle vie à trois.
La fin d’une vie professionnelle est le début d’une liberté.
La fin de la vie sur terre est le début de…

La fin de l’été est le début des couleurs de l’automne.
La fin de l’automne est le début des plaisirs de l’hiver.
La fin de l’hiver est le début de la renaissance de la nature.
La fin du printemps est le début du beau temps d’été.

La fin d’une nuit est le début de la journée.
La fin de la journée est le début de la nuit.

Et l’on recommence.

La fin n’est qu’un tournant vers autre chose. Tout commence par un début, mais ce début commence par une fin.
La fin est l’opposé du début, tout comme :

Le noir est l’envers du blanc.
Le jour est l’envers de la nuit.
L’avenir est l’envers du passé
La joie est l’envers de la tristesse.
Le positif est l’envers du négatif.
L’amitié est l’envers de la haine.
La liberté est l’envers de l’emprisonnement.
Le chaud est l’envers du froid.
Etc, etc…

Comme tout début peut être une joie, toute fin peut également être une bonne nouvelle. C’est le passage vers autre chose, que l’on soit habitué ou pas.
La fin n’est pas la finalité de tout et le néant suit. La fin peut être très positive :

La fin d’une maladie.
La fin d’une souffrance.
La fin de la pluie ou d’une tempête.
La fin d’une guerre.
La fin d’une catastrophe.
La fin d’une peine.
La fin d’une misère.
Etc, etc…

Maintenant que je m’y suis attardée, ce petit mot, au préalable négatif, a pour moi une place importante dans notre vocabulaire. Lorsque je vais l’utiliser à l’avenir, il ne sera plus simplement un petit mot écrit ou dit avec automatisme. Il va avoir toute sa place et toute son importance, car rien n’arrête après le mot FIN.


À la semaine prochaine…

Bonne semaine à toutes et à tous.




dimanche 19 octobre 2014

Le chêne de Picardie ou Queyne en Picard…


Cette semaine, je vous propose un texte sur un sujet proposé par une amoureuse de la nature et plus particulièrement d’un arbre que je considère moi comme le roi des forêts. Pour Raymonde Duchesne, cet arbre est le symbole de sa famille et de ses ancêtres. À sa demande, j’ai imaginé cette petite histoire…

En ce matin d’automne, je me promène avec ma bicyclette le long des chemins forestiers de l’Île d’Orléans. Un léger souffle de vent agite légèrement les feuilles des arbres qui se parent de leur robe aux couleurs automnales. Je ne perçois aucun son, même pas un seul oiseau ne chante ni ne vole de branche en branche. Je me nourris de ce silence. Je décide de faire une halte et m’adosse à un tronc, assise sur un tapis de feuilles anciennes et nouvelles. Je ferme les yeux et me laisse pénétrer par les odeurs et l’atmosphère de cette forêt.
Soudain, j’entends un murmure. Tout d’abord une voix plus forte suivie par des sons ressemblants à des gazouillis. J’ouvre les yeux et ce que je découvre me fascine…
Un immense chêne de plusieurs centaines d’années penche sa cime vers d’autres, beaucoup plus petits, des arbres en pleine maturation. Il me semble les voir dresser leurs branches, comme pour écouter le patriarche. Je me relève tout en restant discrète.

« Vous savez, les enfants, nos ancêtres ont voyagé de très loin et il y a bien longtemps.
— Comment sais-tu tout ça? demande le plus agité.
— Ce que je vais vous raconter, je l’ai entendu de mon père, qui l’a entendu de son père et ainsi de suite depuis plus de 400 ans. Écoutez-moi les petits, car à votre tour vous devrez enseigner notre histoire aux plus jeunes après vous.
Donc, voilà plus de 400 ans, exactement dans les années 1600, notre ancêtre s’implantait sur cette île en plein milieu du St-Laurent. Bien sûr, il n’était pas seul, mais nous sommes tous issus de lui. Il arrivait de Picardie en France, de l’autre côté de l’océan. Là-bas, des chênes il y en avait à profusion. Il y en a encore beaucoup aujourd’hui. Mais, dans ce temps-là, nous étions bien importants. Lorsque les bûcherons arrivaient et décidaient de couper tel arbre, c’était un honneur. Ils ne choisissaient pas n’importe lequel. Nous devions avoir un âge déjà avancé de 250 à 300 ans de vie. Notre taille, plusieurs dizaines de mètres de hauteur, était bien utile. Nous servions à fabriquer les étraves des bateaux. Bien sûr, vous savez tous que l’étrave est l’ensemble qui forme les armatures de la coque des navires. Notre bois dense et dur, résistant aux insectes, faisait la solidité de la coque. Un de ces bateaux légendaires était le DON DE DIEU, appartenant à Samuel de Champlain. Et c’est de cet arbre que nous descendons, celui qui a servi à la construction de ce bateau.
— Comment peut-on descendre de lui s’il a été coupé?
— Laisse-moi continuer et tu vas comprendre, car à cette époque, tout était utile. Pas comme aujourd’hui où l’on jette tout et n’importe quoi. Nos fruits, les glands avaient trois utilités. On en faisait de la farine, ils pouvaient être grillés avant d’être mangés et puis certains les faisaient fermenter pour en faire une boisson pétillante appelée la piquette de glands. Les marins avaient besoin de boire et de manger tout le long de la traversée.
Après que notre ancêtre soit devenu l’étrave du Don de Dieu, ses glands et tous ceux ramassés dans la forêt de Picardie, furent embarqués dans les cales pour la subsistance des marins. Parti le 18 avril 1608 des côtes de France, il arrive à Tadoussac le 3 juin puis à Québec le 3 juillet 1608. Dans les cales, il restait suffisamment de glands pour que, lors de l’exploration du territoire, certains marins en semèrent un peu partout, comme ici dans cette forêt de l’Île d’Orléans.
Vous devez être fiers, les petits, car notre ancêtre a traversé les mers plusieurs fois et a permis l’établissement d’un peuple en Nouvelle-France. Nous sommes issus de lui et nous devons perpétrer sa force et sa résistance. Soyons forts, ne plions pas la cime et résistons aux intempéries de toute sorte.   
Dessin de Raymonde Duchesne.
Certains habitants nous respectent et nous aiment, et curieusement ils portent presque le même nom que nous… D’ailleurs, il y en a une qui nous a illustré en faisant le parallèle avec sa famille. Le cœur de l’arbre représente la mère, la feuille pour le père et les 16 étoiles symbolisent les enfants de cette belle famille, les Duchesne.
Allez les enfants, continuez de grandir, prenez des forces et de l’assurance et, plus tard, ce sera à vous de transmettre notre histoire aux nouvelles générations de chênes de Picardie. »

Aïe, je me réveille en sursaut. Je ne sais plus où je suis, mais j’ai reçu quelque chose sur la tête. Plusieurs glands sont tombés de l’arbre et m’ont atterri dessus. Je reprends mes esprits et, sourire aux lèvres je repense à mon rêve… qui n’est peut-être pas un rêve!


Un gros merci Raymonde pour ce sujet qui m’a tout de suite plu et inspirée. Je me suis amusée à faire des recherches pour inventer cette petite histoire qui pourrait être une histoire humaine.

Bonne semaine à toutes et à tous et si, vous aussi, avez une idée, n’hésitez pas.

dimanche 12 octobre 2014

La grenouille ballerine...

Suite à la suggestion de Louise Thompson, une fidèle lectrice, j’avoue m’avoir creusé les méninges pour inventer une petite histoire sur le thème : La grenouille Ballerine.
Une fois le début de l’histoire trouvée, mes doigts ont filé sur le clavier facilement.
Voici ce que mon cerveau a concocté...

  
Je ressens un besoin d’évasion et je me prépare un petit voyage. J’embarque sur le Madeleine qui m’amène jusqu’à Souris cinq heures plus tard. Au volant de mon auto, je roule vers l’est, laissant vaguer mon esprit tout en regardant le paysage automnal de l’Île du Prince-Édouard.
Je passe dans un village entre Charlottetown et le Pont de la Confédération. Un village avec un nom bien particulier qui m’inspire cette petite histoire…

Je suis une petite grenouille partie explorer le monde à la recherche de mon idéal. Après une partie de l’Europe, je voyage actuellement en Amérique du Nord. C’est un grand territoire et plus au nord, au Canada, j’ai découvert de nombreux paysages très différents. J’ai navigué clandestinement sur un bateau de croisière. Bien sûr, c’est facile pour moi. Qui se méfierait d’une petite grenouille? Je me suis retrouvée sur un archipel en plein golfe. J’y ai découvert un paysage magnifique. Je devais faire attention, car il y a beaucoup de touristes qui visitent comme moi. Lorsque j’ai voulu reprendre le bateau, je suis arrivée trop tard, il était déjà parti. Ce n’est pas que je n’aimais pas la place, mais j’avais encore d’autres régions à visiter. Et puis, j’étais toujours en recherche. Je me renseigne et j’apprends qu’un autre bateau quitte le lendemain matin. Il s’appelle le Madeleine, comme l’archipel où je suis. Donc au matin, toujours clandestinement, me voilà sur le frère du Vacancier.
Durant le voyage, je rencontre des gens très gentils qui me proposent une place dans leur véhicule. Alors que je suis installée à l’arrière, j’ai le coup de foudre. Je passe dans un village au nom bien particulier de Crapaud, qui me dit-on est le premier village acadien de l'Île du Prince-Édouard. Ni une ni deux, je remercie mes nouveaux amis et je saute d’un bond. J’atterris au pied de la pancarte. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que c’est ici que ma quête s’achève. Je lance quelques croassements au hasard et j’écoute entre chacun. Soudain, j’ai une réponse qui se rapproche de plus en plus. Mon cœur bat de plus en plus fort, car c’est une réponse mâle. Je continue mes appels tournant la tête en sautillant. Je ne veux pas m’éloigner. Je sautille en étirant mes pattes le plus que je suis capable et sans m’en rendre compte je me mets à danser au rythme de nos appels mutuels. Tout à coup, j’entends des applaudissements derrière moi. Je me retourne et un magnifique spécimen me regarde, sourire aux lèvres. Je fige complètement, une patte arrière en l’air.
— Belle prestation, mademoiselle, me dit-il.
— Heu… merci… heu… je suis déso…
— Non, ne sois pas désolée, au contraire. C’était un très beau moment. Que fais-tu ici, je ne t’ai jamais vu.
C’est alors que je lui raconte mon histoire et mon but.
— Ta recherche est terminée ma belle, ta route s’arrête ici. Nous allons faire de toi une vedette internationale.
— Comment ça? De quoi parles-tu?
— Écoute-moi, tu es tout un spécimen. J’en ai vu des grenouilles durant toute ma vie, mais jamais comme toi. Nous allons travailler ensemble et tu vas devenir la première grenouille ballerine.
Je le regarde bouche bée. J’essaie de digérer ce qu’il vient de me dire. Et puis pourquoi pas! C’est peut-être ça mon idéal, ma quête. Je suis tellement contente, que je sautille encore plus. Crapaud rit à gorge déployée.
Nous nous mettons au travail. Je crée des chorégraphies très poussées que jamais aucune grenouille n’a jamais dansées.
Le bouche à oreille fonctionne très vite. Les propriétaires de salle de spectacle nous appellent. Dans tous les médias, on parle de mes futures prestations. Même les Américains sont intéressés.
Je suis sous les feux de la rampe vêtue de mon costume de scène couvert de brillants.
Premier spectacle annoncé : Ce soir Grenouille Ballerine dans un numéro exceptionnel à ne pas manquer.
Les semaines, les mois et les années ont passé et je suis toujours en tête d’affiche. Je vis dans un rêve au côté de mon crapaud préféré.
Lorsque j’étais jeune, j’avais entendu une histoire d’un crapaud qui se transforme en prince charmant après le baiser d’une princesse. Et si une grenouille ballerine embrassait un crapaud est-ce que les deux se transformeraient? Il suffirait d’essayer. Je lui en parle et à ma grande surprise il me répond :
— Pourquoi pas?
Nous nous enlaçons et nous embrassons langoureusement. À notre grande surprise, quelque chose se passe et je me retrouve debout sur mes deux jambes, un beau jeune homme devant moi, me serrant dans ses bras. Je porte ma tenue de ballerine. Je suis si heureuse que je me mets à danser comme je ne l’ai jamais fait, sous le rire de… je ne peux plus l’appeler Crapaud, comme je ne peux plus m’appeler Grenouille….
Peu importe, nous serons toujours Crapaud et sa Grenouille Ballerine….


Merci Louise pour ce beau défi. Je suis preneuse pour tout autre sujet. N’hésitez pas à m’en envoyer.


Bonne semaine à toutes et à tous.