La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

mardi 3 octobre 2017

FIN SAISON 2017

Pour clore la saison des ateliers d’écritures, voici les textes reçus, après coup, de certains participants.
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Je m’appelle Jennifer, enfin je crois, seulement pour lui je suis Juliette, une Juliette parmi les autres.
Photo offerte par Karo

Mais les autres ne s’appelle pas Juliette, mais les autres ne sont rien, ils n’existent même pas. Son regard ne voit que moi. Pour moi, je suis une Juliette parmi les autres, mais pour lui, je suis sa Juliette. Celle qu’il regarde au balcon même quand le plafond est trop bas, celle qui est habillée de couleur blanche sous les couleurs de l’arc-en-ciel, celle qui n’existe que pour lui. 
Photo offerte par Karo
Ne vous méprenez pas, ce n’est qu’un couple parmi les autres, mais c’est son couple, son idéal et sa vie. La blancheur de ma peau le fait rougir, la petitesse de mes mains le rend encore plus grand et la fragilité de mon âme le rend encore plus fort. Je suis celle qui ne porte des dentelles que pour son corps, je suis celle qui ne danse que pour son regard, je suis celle qui ne joue que pour ses règles. Je le vois, il est là, tout près, nous nous regardons, nous nous choisissons, nous nous rencontrons.
Il s’appelle Jean Louis, enfin je crois, seulement pour moi il est Roméo, un Roméo parmi personne.
Karo
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Un Avenir de rêves!
Je m’appelle Ida Marie.
Enfin, je crois. Seulement, pour elle, je suis Juliette.
Une Juliette parmi tant d’autres.
J’aime m’amuser à travers les talles de bleuets et en manger à me rassasier. Au Saguenay, il y a beaucoup de bleuets! Des bleuets sauvages, les meilleurs! Accompagnée de mes sœurs et amis, nous chantions avec plaisir tout en cueillant ces petits fruits sucrés, tant convoités, que nous ramènerons à la maison afin que ma mère puisse en faire de belles tartes délicieuses et des confitures que nous pourrons savourer tout au long de l’hiver.
Il y a aussi la côte des meules où l’on va glisser l’hiver venu. C’était une de mes activités préférées. Elle est bien longue, cette côte, la même qui nous conduit aux bleuets et à la plage pendant la saison chaude.
C’est cette côte des meules que mon grand-père Leblanc prenait tous les jours pour se rendre à son travail au moulin de Price Brother, là où arrivaient les billots de bois pour être transformés en pâte à papier. Là où j’ai tant de souvenirs, des bons et des moins bons.
Et, c’est là, où j’ai vécu une partie de mon enfance.
La Juliette que j’étais s’est formée en un caractère fonceur, courageux et avec plein de beaux rêves dans un avenir meilleur.
À mon jeune âge, même pour elle, j’étais Juliette, l’enfant rêveur d’un Avenir meilleur! Une Juliette rêveuse en silence!
Signé, Juliette
Ida
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Alibi – Breuvage – Apaisant – Montgolfière – Concéder – Diffus – Barrage – Boulimie – Stick – Publiciste.
Chacun est unique. Chacun porte un agencement de voyelles et de consonnes qui le rend distinct. Je les aime tous. Certains s’utilisent plus facilement; pour d’autres, l’usage du dictionnaire est essentiel. Il y en a même un qui m’apparaît être un anglicisme; mon respect de la langue française exige que je lui trouve rapidement un substitut.

Certains sont parfaits : ils comptent le nombre exact de lettres nécessaire pour obtenir un bonus au Scrabble. D’autres n’apparaîtront jamais sur la planchette du jeu de lettres. Avec mes 7 pavés, difficile de placer les lettres de « montgolfière », même en deux coups.
Mais tous sans exception pourront un jour prendre place dans un texte personnel qui ravira les lecteurs. 
Marie-Johanne
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Il était une fois, un limier en compagnie d’un maréchal anglais qui conversaient dans un wagon de train en direction de Charlevoix. C’était autour d’un bon verre de xérès que les bêtises se mirent à affluer abondamment. Tous deux se rappelaient des anecdotes et des situations remarquables de leur carrière, cependant ils réalisaient combien leur époque et les moyens utilisés étaient révolus. Les voyant aussi ringards, un jeune homme s’approcha d’eux et leur fit des reproches d’un ton hautain : « Quelle image donnez-vous de votre métier ! Vous faites l’objet de mépris et cela m’offusque ! C’est dommage de vous voir affublés d’une telle mésestime alors que vous méritez le respect de votre engagement. »
Pendant ce temps, dans le salon-bar, une séance de yoga s’offrait aux voyageurs de la croisière. Quelques participants demeuraient dans les nuages, car ils éprouvaient de la difficulté à sortir de leur zone de confort. Et le silence fut rompu par un goulot de champagne qui éclata dans une salle adjacente…
Danielle
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Ce sera la FIN d’un voyage…
Il y avait une petite fille qui rêvait un jour des grands espaces. Déjà très jeune, elle influença ses parents de la laisser partir du nid familial pour explorer de nouveaux horizons. Ce qu’elle fit dès l’âge de 11 ans…
Ainsi d’année en année, elle explora différentes parties du Québec tantôt comme pensionnaire, tantôt comme étudiante libre de ses choix, mais toujours avec ce goût prononcé de découvrir de nouvelles régions de notre grande province.
Il restait cependant une zone inexplorée de ce grand espace québécois : les Îles de la Madeleine. Un jour viendra… mais quand cela sera-t-il??? Voir ce lointain coin de terre perdu aux confins de l’estuaire!
Profitant de son anniversaire, cette petite fille devenue mère et grand-mère entreprit une croisière pour réaliser ce rêve. C’est ainsi qu’en septembre 2017, elle prit le bateau au port de Montréal en direction des Îles de la Madeleine, vers cette destination lointaine isolée des autres terres canadiennes.

Confortablement installée sur les ponts ou dans les salons, elle put admirer, à partir de l’eau, le paysage maintes fois parcouru de chaque côté du St-Laurent , de la Gaspésie à la Côte-Nord. Quelle magnificence!
Deux jours après le départ, le CTMA Vacancier arrivait aux Îles et son rêve se concrétisait. Découvrir non seulement une terre accueillante, mais des gens chaleureux toujours à l’affût de faire découvrir leur patrimoine. Trois jours, c’est trop peu pour de si beaux paysages. Il faudra revenir… C’était la FIN de ce périple… mais pas la FIN des voyages. Un jour assurément, il y aura un retour dans ce beau coin de pays!
Hilda G.
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Par un beau soir d’été, autour d’un feu de camp s’est réuni un groupe de jeunes vacanciers. Ils s’amusaient près d’un lac où l’on pouvait admirer les oies qui revenaient au printemps.
Non loin de là se trouvait un bosquet où l’un d’entre eux, pour se venger, a placé une feuille de trèfle dans le verre d’une jeune fille dont il était amoureux. Parmi eux se trouvait un dénommé Niamey qui animait le groupe en lui offrant une sérénade au clair de lune. Cette jeune fille portait une parure faite de beaux bijoux que sa grand-mère lui a léguée.
Aussitôt qu’elle avala le liquide, elle tomba en syncope. Le responsable du groupe alerta le 911. Les ambulanciers sont arrivés en trombe avec leur alarme. Amenée aux urgences, l’équipe de réanimation s’est jetée sur elle pour lui rendre la vie. Dans la salle, on pouvait trouver toutes sortes d’objets d’époque ou actuels, dont un vieux stéthoscope qui aurait dû se trouver au musée.
Aussitôt revenue à elle-même, elle s’est mise à maudire ce prétendu amoureux aux cris de « Je te hais, te hais… » Elle était en pleurs, juste à l’idée de savoir que ce jeune homme a pu, sous le couvert de l’amour, inventer un tel stratagème pour l’attirer à lui.
À la salle d’urgence, l’urgentologue de garde a demandé à la psychologue de venir rencontrer la jeune fille pour la réconforter et la rassurer.
Marie-Yolette
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Un immense merci à tous les participants de la saison 2017. Chaque année, le nombre d’amateurs de mots augmente pour mon entière satisfaction. La lumière dans leurs yeux à la fin de l’atelier et leurs remerciements me touchent à chaque fois. Seulement si mes ateliers existent, c’est grâce à toutes ces personnes qui ont choisi et, pour certains, qui ont eu le courage de s’asseoir autour de la table.
Bien sûr, j’ai une majorité de femmes chaque semaine, mais je fais le vœu pour 2018 d’avoir une équité hommes/femmes dans le salon rouge.
Ces derniers textes ferment mon dossier 2017. J’ai déjà hâte d’ouvrir celui de 2018.
Bonne semaine à toutes et à tous.


mardi 26 septembre 2017

LA FIN

La fin des croisières, la fin de la semaine pour les passagers, la fin de l’été, car oui ce 21 septembre marquait le début de l’automne. Alors, le thème était tout trouvé : LA FIN.
Il y a toujours une fin à tout, quoi que ce soit.
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La fin
La fin justifie les moyens.
Toute bonne chose à une fin.
C’est le début de la fin.
Ce sont des phrases que l’on emploie souvent.
F I N – Petit mot de trois lettres ayant une grande signification.
Je me souviens lorsque j’étais enfant, ces trois lettres s’affichaient sur l’écran lorsque le film se terminait. Soit elles grossissaient pour emplir l’écran, soit elles apparaissaient l’une après l’autre.
Certaines fois, je n’étais pas mécontente de voir apparaître ces trois lettres, car le film me plaisait moins. D’autres fois, je ne voulais pas les voir. Je désirais que le film dure encore et encore.
Dans la vie, c’est la même chose. Il y a des fins qu’on ne veut pas voir ou vivre et il y a des fins qui nous plaisent, comme la fin de l’hiver ou la fin d’une grippe.
Aujourd’hui, ce 21 septembre 2017 marque la fin de la saison des croisières. Depuis vendredi dernier, chaque jour était une fin. Cette saison a été pour moi une merveilleuse période. Au fil des années, j’ai tissé des liens amicaux avec tous les membres de l’équipage. Cette année, je me suis sentie en famille avec tous.
Cette saison, j’ai rencontré des personnes intéressantes et enrichissantes parmi les passagers. Chaque semaine, le petit groupe des ateliers d’écriture m’a apporté beaucoup et après toutes ces années, je garde encore contact avec certains.

C’est sûr que la saison nous pèse sur les épaules, nous avons tous hâte de nous retrouver chez nous, quitter notre petite cabine et retrouver nos affaires. Mais il va y avoir un manque.
Cette fin-là va me peser sur le cœur. Les premiers temps, je vais m’ennuyer puis petit à petit, je vais reprendre le cours de ma vie.
Très vite, nous arriverons au printemps et ce sera le temps de penser à la nouvelle saison des croisières. Et ce sera le début d’un nouvel été à naviguer sur le fleuve, à rencontrer des personnes intéressantes et retrouver tout l’équipage, ma famille de navigation.
J’arrive donc à la fin de mon texte. Je pourrais continuer encore longtemps et je manquerais de papier et d’encre. Cette fin deviendra bientôt le début d’autre chose.
Alors bon hiver à tous et j’écris les trois petites lettres.
F I N
Dominique Damien

La fin
La fin des soucis inutiles. La fin des tracas idiots. La fin de la fin est un commencement nouveau…
Rêves – rêve d’un monde sans fin où chaque jour est une nouvelle fin vers un jour meilleur.
Rêve d’un jour sans fin où la famille s’agrandit sans fin.
Rêve d’un monde sans fin qui chaque jour s’unit et s’aime sans fin.
Rêve d’une jeunesse sans fin, non pas avec le poids des ans, mais avec un esprit qui, sans fin, pense à repousser la fin de se rendre utile.
Rêve de musique et chansons qui, sans fin, nous trottent dans la tête.
Rêve que la fin de la belle saison nous ouvre de beaux jours où, sans fin, nous allons contempler la beauté des couleurs qui vont nous entourer sans fin.
La fin du jour nous ouvre une belle nuit étoilée.
En résumé, pour moi la fin est le commencement de bien des choses.
Marie-Thérèse (fidèle participante)
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Nous voici donc à la fin de ces ateliers qui, comme chaque année depuis 5 ans, m’ont permis de passer une heure par semaine avec des personnes de cœur qui n’ont pas hésité à jouer le jeu des mots et de livrer une partie d’eux-mêmes.
Comme je leur dis, écrire est thérapeutique. L’écriture instantanée comme nous le faisons ne nous laisse pas le temps de trop réfléchir et ce sont les mots du cœur qui viennent en premier.
Je tiens à remercier tous les participants de ces 13 ateliers de 2017. Votre participation en grand nombre m’a fait chaud au cœur. Nous avons vécu des fous rires, des émotions, des larmes, mais chaque semaine ce fut un très beau moment. Je vous dis à l’année prochaine.
Ces dernières semaines, j’ai reçu des textes de participants qui préféraient travailler leur écrit. Dans mon prochain blogue, je vous les partagerai.
Merci à tous participants ou lecteurs de ce blogue.
Bonne semaine à toutes et à tous.



dimanche 17 septembre 2017

Le fleuve Saint-Laurent (suite)

Deuxième partie des textes reçus.
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Au départ, c’était pas gagné : j’ai peur de l’eau, je n’aime pas les bateaux et suis légèrement claustrophobe dans les lieux confinés.
Ma cousine Annick, Canadienne pure souche, bien que d’origine bretonne, m’a tant vanté les Îles de la Madeleine qu’elle m’a convaincue de m’y rendre lors de mon prochain séjour au Canada.
Ici, tout est démesuré : les villes, les échangeurs (spaghettis en langue locale) et bien sûr les fleuves. Chez vous, plus longs que nos Loire et Seine réunies, ils sont dénommés « rivières ».

Que dire du Saint-Laurent ? Que la notion d’eau qui s’écoule disparaît, que cette étendue est une mer intérieure dont les rives disparaissent, laissant place à une apaisante surface.
Non, je n’ai pas eu peur sur le Saint-Laurent. Le mot Saint y est-il pour quelque chose ? Et que vient y faire Laurent ? Il faut dire qu’au Québec, les Saint sont plus nombreux que dans tout le Paradis.
Il aurait fallu le connaître plus rude, quand la glace enserrait les rives, ou que la débâcle du printemps laissait augurer un ciel plus clément.
Oubliant les fleuves tumultueux d’Afrique ou le Mékong grouillant de ses marchés flottants, j’ai trouvé ici la plénitude et la paix. Merci à ce beau fleuve.
Je pourrais désormais faire mienne la devise :
« Je me souviens »
Marie-France
Je me souviens du fleuve Saint-Laurent comme d’un énorme bras de mer. Il m’entoure et me caresse de ses flots innombrables. Toute petite devant ce monstre marin, il m’apporte quiétude et paix, le jour avec lui comme avec un enfant chéri, le soir son silence me calme et m’endort.
Les marins le respectent et souvent le domptent. Les vents forts ne les troublent pas. Les vagues qui embrassent bien des bateaux font la joie des équipages. Les habitants le long de son sillage le saluent allègrement. Ils sont plusieurs à se nourrir de lui.
Je me souviens du fleuve Saint-Laurent comme d’un ami chéri.
G.
Le fleuve Saint-Laurent
Je navigue pour la première fois sur le Saint-Laurent. Ça fait longtemps que j’avais envie de le découvrir. Voir ses berges, reconnaître des villages que j’ai déjà traversés en voiture, vus sur une carte ou à la télévision me fascine. J’aime faire des hypothèses sur le nom du village qui se présente à moi et sur le vécu de ses habitants. J’aime voir les êtres qui y vivent.
Par-dessus tout, j’aime admirer la lumière du soleil qui se reflète sur son eau. Cela me ravit et m’apaise. J’ai l’impression que l’Univers est en harmonie à ces moments-là. Que ce soit la lumière du matin, de la journée ou celle de la fin du jour, chaque moment m’émerveille.
Cette nuit, j’ai entrevu une autre facette du Saint-Laurent. Celle où il est malmené par le vent. Cette face-là, je préfère la voir sur image plutôt que de ressentir ses effets.
Je sais qu’il me reste beaucoup encore à découvrir sur ce majestueux cours d’eau qui traverse notre terre.
Marie-Reine
Le courrier du cœur (correspondance scolaire)
Je me souviens qu’à Pointe-au-Père, sur le fleuve, j’avais visité un petit musée. J’ai examiné les artefacts. Les uns étaient des bébelles de riches, mais d’autres racontaient la détresse des immigrants.
C’était une histoire merveilleuse comme tout ce qui se produit sur ce magnifique cours d’eau qu’est le Saint-Laurent. Comme beaucoup de Canadiens, je ne connaissais pas la nature grandiose, mais aussi cruelle du fleuve.

Les artefacts que je regardais avec tant d’attention me racontaient l’histoire d’un naufrage, un naufrage dont j’aurais dû connaître l’origine puisque c’était notre Titanic canadien : L’Empress of Ireland.
La belle luxueuse pipe avait appartenu à un richissime passager que le fleuve avait avalé sans scrupule. La poupée chiffonnée, création d’une maman aimante, était un don d’une survivante, une fillette irlandaise sauvée in extremis par un marin intrépide.
Tous ces objets, ces artefacts recelaient des espoirs, des succès des tragédies humaines.
Pauline
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Un beau sujet qui tient à cœur à beaucoup d’entre nous.
Je remercie tous les participants pour leur participation et encore une fois de beaux moments durant cette heure bien remplie, riche en émotions et en partage.
Bonne semaine à toutes et à tous.