La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

mardi 24 mars 2015

Quand une simple blague dégénère en règlement de compte.

La semaine dernière, j’ai assisté à la pièce de théâtre « Le Prénom ». J’ai ri, j’ai apprécié le jeu des acteurs, j’ai aimé la pièce. Bref, j’ai passé une excellente soirée. Mais pourquoi vous raconter cela me direz-vous?

La situation à laquelle j’ai assisté m’a fait beaucoup réfléchir. Un moment, je me disais que c’était un peu exagéré, caricaturé… mais en fait, c’est quelque chose qui peut arriver ou qui arrive dans toutes les familles.
Qui n’a pas assisté à un souper où plusieurs membres se côtoient par politesse ou par convenance?

Pour ceux qui n’ont pas vu la pièce ou le film, voici un petit résumé.

Le souper se déroule chez un couple, parents de deux enfants, lui un tantinet snob, fier de sa personne, elle, qui a mis sa carrière de côté pour son mari et l’éducation de ses enfants.
Les invités : un ami d’enfance, discret, le confident de madame, tellement proche qu’il est un membre de la famille. Le frère de l’hôtesse, bout en train, profession libérale, qui aime à se faire valoir, accompagné de sa conjointe enceinte.
L’histoire : avant l’arrivée de la future maman, le frère annonce en blague le prénom choisi pour le futur bébé. Prénom qui fait réagir l’hôte pour son incongruité, qui le met tellement hors de lui qu’il met tout en œuvre pour faire changer d’avis les futurs parents.
Au final, suite à un quiproquo, chacun à son tour vide son sac sur tous, l’un après l’autre. Le clou de l’histoire est quand l’hôtesse décharge son venin dans une tirade fantastique sur son mari, en premier lieu puis son frère et les deux autres. Un jeu de toute beauté. D’ailleurs, la réaction du public en témoigne, ce fut l’ovation.

Lors de rencontres familiales, on ne veut déplaire à personne. Nous avons tous notre vie, toute différente les unes des autres. Nous avons tous notre caractère, notre vécu au sein de la famille ou en dehors. Nous retrouvons presque toujours les mêmes caractéristiques que dans la pièce pour certains membres de la famille. Mais ils sont comme cela, on fait avec le plus souvent.

C’est alors que pour un simple fait banal, une simple phrase, un regard, une réaction tout dérape. La retenue disparaît et c’est le temps de dire les quatre vérités à tous.
C’est sûr que cela jette un froid dans l’assistance, mais avouons que cela fait du bien. Très souvent, comme dans la pièce, après quelques heures ou quelques jours, un événement, comme dans ce cas-ci la naissance du bébé, tout le monde se retrouve et l’incident est oublié.

Il arrive parfois que la rancune soit plus tenace pour quelques-uns, ce qui est dommage, car on assiste à des situations comme « Roméo et Juliette ». Tiens une bonne histoire pour une autre pièce…

Bon souper en famille…

Bonne semaine à toutes et à tous.

lundi 16 mars 2015

Naviguer dans les glaces.

Aux Îles, ce n’est pas pareil, tout le monde le sait. C’est encore plus vrai et réel en plein hiver.
Mes premiers hivers de résidence aux Îles-de-la-Madeleine ont été cléments. Bien sûr, il y a eu de la neige, mais beaucoup moins que ces deux dernières années. Par contre, je n’avais jamais vu le golfe gelé.
En avril 2009, j’avais pris le bateau pour me rendre aux Îles. Il y avait des plaques de glace le long de notre traversée. Déjà, je trouvais impressionnant le frottement de la glace sur la coque métallique du navire. Une promiscuité bien vécue.
Depuis deux hivers, j’ai la chance de voir le golfe complètement envahi par les glaces. Il y a quelques jours, j’ai fait partie de cette traverse, au beau milieu des glaces avec toute la magie et la féérie que cela occasionne. Le soleil nous a suivis durant les 9 heures de la traversée.

Les jours précédents notre départ, le CTMA Vacancier prévoyait une arrivée à Sydney en Nouvelle-Écosse au lieu de Souris sur l’Île du Prince-Édouard. Nous en étions conscients et notre programme était fait en conséquence. La veille de notre départ, nous recevons un appel de CTMA nous annonçant notre route vers Souris. Youpi!!
Un seul hic (sans importance pour moi) aucun brise-glace ne nous escortera donc cela prendra plus de temps.
C’est sous un superbe lever de soleil que nous embarquons, prêts à vivre une belle aventure de plusieurs heures. Le bateau fend la glace, bien moins épaisse, dans le port de Cap-aux-Meules. Nous décidons de prendre une cabine. Allongés sur nos lits, nous entendions la glace frotter sur la coque du bateau qui ne se laissait pas impressionné.
Nous sortions de temps en temps admirer l’étendue de glace qui nous entourait.



Puis, nous nous sommes retrouvés en eau claire à l’approche de l’Île du Prince-Édouard.
La glace avait dérivé quelque peu. 






En approchant de la baie de Souris, une bataille allait se livrer entre le capitaine du bateau et la mer de glace, protectrice du port de Souris.



C’était de toute beauté de voir la proue du navire fendre l’épaisse couche de glace, jusqu’à ce qu’elle devienne plus forte.



Marche arrière du navire, comme pour signifier une retraite, mais c’était pour mieux lutter. Une autre ligne d’avancée, de cassure de glace. C’est ainsi que le bateau est arrivé jusqu’à la hauteur du quai de Souris.
La banquise n’avait pas dit son dernier mot. Elle était maîtresse de la place et nous le démontrait bien.
Le capitaine a manœuvré avec dextérité, traçant des cercles afin de fragiliser cet adversaire tenace,


puis sans crier gare s’est avancé, proue en tête vers le quai, imprégnant les lignes de sa coque dans l’épaisseur de la glace.


Nouvelle marche arrière alors que son adversaire était fragilisé, le temps de se retourner pour arriver poupe face au quai.

Un combat de toute beauté, en tout respect des deux combattants qui se connaissent très bien, car ce n’était pas la première fois.


C’est dans de telles traversées que l’on voit combien le capitaine et son navire ne font qu’un. Le Capitaine Bernard Langford a manœuvré de telle façon que cela semblait très facile.


Souvent, en avion, lorsque le pilote pose l’appareil sur la piste en douceur et sans encombre, les passagers applaudissent, soulagés. Le Capitaine Langford méritait ces applaudissements, car une fois encore il a mené son navire à bon port et en toute sécurité pour nous tous les passagers.


Cette traversée est une nouvelle expérience vécue dans ces Îles si spéciales.

Bonne semaine à toutes et à tous.   

lundi 9 mars 2015

Ah!! La langue française… son orthographe et sa grammaire.

Beaucoup l’écrivent, d’autres la chantent, certains se battent pour elle. D’autres encore la décrient, l’abandonnent, la remplacent, l’oublient…
Nous qui sommes nés dans un pays francophone, nous avons étudié, appris les règles et les exceptions. Certains défenseurs se font un devoir de la protéger et de respecter ces règles qui nous ont été inculquées. Nous l’utilisons chaque jour sans nous demander comment tout cela a commencé. Comment l’orthographe française a-t-elle évolué?

Premier changement au XIIIe siècle, on ajoute les points sur les i et les j.
Au XVIe siècle, introduction des accents.
En 1539, François 1er remplace le latin par le français comme langue officielle des documents juridiques et administratifs.
En 1635, Le Cardinal de Richelieu crée l’Académie française qui entame la rédaction d’un dictionnaire de l’Académie française. Ses membres définissent l’orthographe en tenant compte de l’usage, de l’étymologie et des contraintes phonétiques.
Une deuxième édition du dictionnaire avec l’introduction du j et du v en remplacement des lettres muettes : apuril devient avril. Par contre, d’autres lettres muettes sont ajoutées : le g de doigt en référence avec digitus (on enlève d’un côté pour ajouter de l’autre).
En 1740, 3e édition. Un tiers des mots changent d’orthographe et les accents apparaissent : throne devient trône, escrire devient écrire, fiebvre devient fièvre.

Puis, ont suivi plusieurs révisions jusqu’en 1990. Après un sondage, il est apparu que la langue française était perçue comme plus complexe et plus chère dans les traductions que toute autre langue. Des spécialistes de tous les pays francophones se sont réunis afin de procéder à une grande révision. C’est ainsi que 400 changements majeurs ont été apportés. À la suite de la parution de cette révision, beaucoup de détracteurs ont réagi parmi les plus virulents défenseurs de la langue et de son orthographe.

Après discussions, débats et échanges de point de vue, les modifications apportées restent, mais ne deviennent pas obligatoires. Par contre, la nouvelle orthographe est enseignée aux élèves dès le primaire. Petit à petit, même si la révision n’est pas obligatoire, dans quelques générations il n’y aura que la nouvelle orthographe qui sera utilisée. À moins que d’ici là, d’autres révisions importantes soient faites.

C’est vrai que la langue française est complexe. N’est-ce pas cela qui fait sa beauté? C’est ce qui fait sa particularité pour laquelle des étrangers se font un honneur de l’apprendre et en sont fiers.
Aujourd’hui avec les réseaux sociaux et les messages instantanés, nous parlons en code, en abrégé, même en phonétique. Parfois, je suis obligée de lire à voix haute pour comprendre ce que je lis.
Ce que je déplore encore plus, c’est que dans le berceau de la langue française, les membres de l’Académie française apportent chaque année des changements ou ajoutent de nouveaux mots tirés très souvent de mots anglais qui sont alors francisés.
De par mes romans, je suis une adepte du langage familier, du langage « de la rue », seulement, pas au détriment de notre langue originale. Il faut bien sûr s’adapter aux changements et aux nouveautés, et c’est très bien d’en tenir compte.
Pour ma part, je trouve qu’en ce moment on a tendance à niveler vers le bas pour plus de facilité… toujours, la facilité l’emporte sur la beauté d’une langue qui a eu son heure de gloire et qui est en train de la perdre.

Pour conclure, oui nous avons chialé lorsqu’il était temps d’apprendre nos règles, d’écrire nos dictées sans fautes, mais lorsque l’on s’attarde à cette langue on se rend compte de sa beauté et de sa fragilité dans ce monde envahissant.


Bonne semaine à toutes et à tous.

lundi 2 mars 2015

La toponymie : Reflet historique et géographie.

J’ai passé une grande partie de ma vie en France. J’ai grandi entourée de noms de villes ou de villages qui résonnaient « normaux » à mon oreille. On ne se pose pas la question sur l’origine de tel nom. J’habite à Annecy en Haute-Savoie, je visite Nice sur la Côte d’Azur, je me paie des vacances à Bayonne dans le Pays Basque. À travers mes différents emplois, je pouvais presque situer le nom d’une ville ou d’un village dans une région de la France. C’était comme cela, point…

Puis je suis venue vivre au Québec. Au début, lorsque je traversais les municipalités j’essayais de m’habituer aux noms; Montréal, Québec, Trois-Rivières, Gatineau, Sherbrooke… puis Saint-Tite, Saint-Hilaire, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Louis-du-Ha-Ha…
J’ai commencé à me dire que c’était de drôles de noms, tout comme les Québécois ou les Canadiens trouvent les noms français bizarres.

Alors je me suis dit pourquoi. D’où vient l’origine des noms? J’ai cherché et j’ai compris une chose. La toponymie des villes ou des villages est le reflet de l’histoire ou de la géographie du pays, voire de ses habitants ou de ses héros.

Au Québec : Beaucoup on gardé l’origine amérindienne; Gaspé, Québec, Yamaska, Paspébiac… D’autres portent le nom d’un curé qui voulait laisser sa trace dans sa paroisse ou bien d’un héros qui a marqué l’histoire; Beaumont, Salaberry, Chambly, Dollard-des-Ormeaux, Lévis… Également un reflet géographique; Baie St-Paul, Baie Trinité, Lac-Brome, Lac-Beauport…

En France : Je suis née à Arras dans le Pas de Calais. Je me suis toujours demandé quelle était l’idée d’appeler un département le Pas de Calais. Calais est une grande ville portuaire, au bord de la Manche. Alors d’où vient ce nom? En faisant mes recherches, j’ai appris que « Pas » est synonyme de détroit, donc le détroit de Calais.


En France, la toponymie est, elle aussi, basée par la situation géographique, la nature des lieux :
Mont : Montaigu, Clermont, Le Puy…
Vallée : Laval, Valbonne, Vaux, Entrevaux…
Fontaine : Fontenay, Fontevraud…


La Végétation a laissé sa marque.
Le châtaignier : Le Chesne, Quesnay…
La fougère : Feugères, Fougerolles…
Le frêne : Frasnes, Freynay, Fresnes…
Le tilleul : Tilly…
L’orme : L’Ormay…

Mais surtout, la France ayant une vieille histoire, ayant été envahie par d’autres pays, chacun y a laissé sa trace étymologique, comme :
Les Celtes : Brive, Lyon, Auteuil…
Les Grecs : Agde, Nice, Antibes, Dax…
Les Latino-Romains : Narbonne, Perpignan…
Les Germains : Hesingue, Echinghen…
Les Normands et les Bretons : Treguennec, Guérande…
Les Basques : Grenade, Biscarosse…

L’Alsace qui fut une fois Allemande une fois Française puis une autre fois Allemande pour finir Française n'est finalement ni de l’un ni de l’autre.
La Savoie et la Haute-Savoie, dernière région à être rattachée à la France, étaient sous la domination des Italiens.
La Bretagne veut garder sa langue d’oil et son origine celte.
Les Basques eux tiennent à leur langue d’oc et leur origine occitane.
Paris, qui autrefois sous l’invasion des Romains s’appelait Lutèce.

La vieille histoire de la France a une grande influence sur sa toponymie.

Pour conclure, un petit aparté sur les patronymes au Québec ayant pour origine le métier des habitants. Puis il y a eu les coureurs des bois et leur surnom militaire comme Sans Chargrin, Sans Regret, Sans Façon…

On ne s’arrête pas assez sur notre environnement et sur les pancartes que nous croisons lors de nos voyages. Essayons d’imaginer:

Quelle a pu être la raison d’un tel nom ?
Qui était ce personnage qui a donné son nom à ce village?

Est-ce la rivière qui a donné son nom au village ou bien le village a-t-il donné son nom à la rivière (rivière aux renards…)?

Belle réflexion lors de vos déplacements.

Bonne semaine à toutes et à tous.