Dans ma présentation d’un atelier d’écriture, je donne quelques petits « trucs »
aux participants pour leur permettre d’attraper la piqûre de l’écriture. L’un
d’entre eux est :
Comment commencer!
Pour certains, c’est facile, pour d’autres c’est plus ardu. Je dis
toujours qu’il y a deux phrases qui peuvent nous aider :
— Il était une fois
— Je me souviens
Cette semaine, j’ai voulu me prêter à cette technique et, cette nuit,
j’ai commencé ce texte :
Je me souviens. C’était un
matin de juillet, un début de journée ensoleillée et chaude. Il y a de cela
quelques années. C’était le premier matin de ma découverte d’un lieu qui me
marquera et par la suite changera ma vie.
Un bruit que je ne connaissais
pas encore me réveilla. Ce son deviendra musique à mes oreilles et rythmera mes
journées. Il s’agit de la sirène du traversier annonçant son prochain départ.
Trois coups 15 minutes avant, deux coups 10 minutes avant et un coup 5 minutes
avant l’appareillage.
Tout de suite, j’ai aimé ce que j’entendais. J’avais
l’impression de faire partie de ces gens qui vivent au rythme des bateaux.
Chaque matin, j’ai entendu cette sirène. Plus tard, quand ce lieu devint mon
havre de paix, les matins où le bateau ne voyageait pas, la sirène me manquait.
Donc, revenons à ce premier
jour de ma nouvelle vie.
Après un petit déjeuner
goûteux et complet, équipé de mon appareil photo, d’un cahier et d’un crayon,
du guide touristique, j’ouvre la capote de ma convertible et me voilà partie à
la découverte de mon futur environnement, direction est.
J’emprunte pour
commencer la route principale, mais aussitôt que je croise une route à ma
gauche ou à ma droite, je m’y engage. Je ne crains pas de me perdre, car je
finirais toujours par me retrouver soit au bord de l’eau, soit sur la route
principale.
Ce parcours m’a permis de
découvrir des paysages à couper le souffle. Le soleil faisant ressortir toutes
les couleurs qui m’entouraient, il ne m’était pas difficile de pointer mon
appareil photo, de le déclencher et de mémoriser une photo superbe. Je reprends
la route vers un autre site aussi enchanteur et ainsi de suite durant toute la journée
et les journées qui ont suivi.
Ce premier jour, je me suis
arrêtée sur une plage où j’ai dégusté une crêpe tout en regardant les vagues
venir mourir sur le sable, formant des moutons blancs en surface. Les enfants
jouaient et riaient et criaient. Je me suis prise au jeu.
Après ma collation,
je me suis avancée sur la plage et pieds nus j’ai marché dans l’eau, un peu
fraîche à mon goût, mais si délicieuse. Je me suis offert un massage de pieds au
sable blond et à l’eau de mer. Ce que je voyais tout en marchant était
époustouflant. Des falaises et des grottes de grès rouge tout autour de moi.
J’ai décidé de prolonger mon « séjour » en ce lieu et d’y repartir
seulement en fin de journée. Je me suis remplie d’odeur de mer, de chaleur du
soleil, du chant des goélands et du paysage qui m’entourait. Il me restait
encore plusieurs jours pour visiter les autres endroits.
Cette première journée fut
mémorable et l’est encore aujourd’hui. Après un souper léger, j’ai assisté au
coucher du soleil. Bien sûr, il y avait beaucoup de monde, mais dans ma tête je
me trouvais sur une île déserte et j’étais la seule à avoir le privilège de
voir un tel spectacle.
Après avoir flâné encore un
peu, je suis allée me coucher la tête pleine de magnifiques images. L’air marin
aidant, je ne mis pas de temps à m’endormir pour être à nouveau réveillée par
les trois coups de la sirène du bateau. C’est le sourire aux lèvres que j’ai
entamé ma deuxième journée d’exploration.
Cet endroit niché au cœur du
golfe Saint-Laurent, les Îles de la Madeleine, m’a bouleversée du premier au
dernier jour de mes vacances. Sur le chemin de retour, le cœur gros, je me
disais que je ne pouvais pas en rester là. Je devais y retourner et, pourquoi
pas, y faire mon nid. Cela m’a pris onze mois et je posais mes valises au bord
de la mer avec le même émerveillement et la même passion qu’au premier jour.
Je suis une Madelinienne
d’adoption, mais les Îles de la Madeleine m’habitent comme aucun autre endroit
où j’ai vécu. Dans mon cœur et dans mes racines, je fais partie de cette terre
flottant dans le golfe, ces îlots intrigants qui ensorcellent bon nombre de
visiteurs.
Je me souviens et me
souviendrais longtemps de ce premier matin de ma nouvelle vie.
Bonne semaine à toutes et à tous.