La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

dimanche 20 octobre 2013

Chaque matin m’apporte ses surprises.

Depuis plus de quatre années, ma journée commence par un nouveau paysage. Non! Je ne vis pas sur un bateau, je ne suis pas une voyageuse. Du moins, pas encore. Tout simplement, le paysage que je découvre chaque matin à mon réveil est unique. Je pourrais faire une photo chaque jour et elles seraient toutes différentes. Je vous en ai déjà montré quelques-unes, mais je me fais le plaisir de vous en offrir deux prises récemment. Oui, c’est un plaisir, car je me délecte toujours de les regarder, surtout lorsque le temps est gris ou tout simplement lorsque je suis à l’extérieur.

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Il y a aussi des surprises que l’on découvre au saut du lit. Cette semaine, à peine réveillée, mon verre d’eau à la main, je regarde à travers ma fenêtre et voici ce que je découvre :

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En voyant ce magnifique bateau de croisière, je me suis souvenue d’une nouvelle que j’ai écrite cet été sur le Vacancier, qui peut-être un jour sera publiée dans un recueil de nouvelles.

En primeur pour vous, chers fidèles lecteurs.

7 Juillet : L’escale


— Mesdames et messieurs, ici le capitaine. Le départ du bateau sera retardé de quelques minutes en raison du retard de deux passagers. Vous pouvez vous rendre au restaurant pour le dîner.

Dans la timonerie, le capitaine lançait ses ordres d’une voix autoritaire et impatiente.

— S’ils ne sont pas de retour dans cinq minutes, nous larguons les amarres. Tant pis pour eux.

Tous les membres de l’équipage s’affairaient dans tous les coins du navire afin de retrouver ces deux personnes manquantes. Lors de l’escale, vingt personnes avaient acheté la visite du musée dans la ville voisine, mais seulement dix-huit étaient remontés sur la passerelle.

Les cinq minutes s’étant écoulées, les sirènes annoncèrent le départ. La croisière était minutée et il n’y avait pas de temps à perdre.

La passerelle fut relevée, les moteurs poussés, les amarres lâchées, le navire quitta le port et reprit son voyage vers la destination suivante. Le commissaire de bord, inquiet, fixait le quai dans l’espoir d’apercevoir les deux personnes manquantes. C’est le cœur gros qu’il entra dans sa cabine, la ville ayant disparu de sa vue.

Durant ce temps, les femmes de ménage nettoyaient les chambres les unes après les autres. C’est dans la cabine 742 que le mystère s’épaississait. Un couple dans la cinquantaine était allongé et semblait dormir paisiblement. La femme de ménage resta stupéfaite, car sur sa liste, la chambre était occupée par une femme et sa mère. Après un instant, elle referma la porte et rapporta le fait à son responsable.

La découverte se rendit jusqu’au commissaire de bord puis au capitaine qui finalement se réjouit de n’avoir perdu aucun passager. Les réjouissances furent de courtes durées lorsqu’ils s’aperçurent que ces deux personnes étaient mortes.

Parmi les passagers, il y avait un médecin qui fut appelé aussitôt et confirma le décès sans toutefois préciser la cause de la mort. Le navire dut dévier légèrement de sa route et un bateau de La Garde côtière fut appelé afin d’évacuer les deux corps.

Une enquête discrète débuta. Les deux femmes occupant la chambre furent appelées pour être interrogées. Elles avaient quitté leur cabine pour le déjeuner et n’y étaient pas retournées. Elles avaient participé à la visite. Elles avaient bien croisé le couple avant d’embarquer dans l’autobus. Ils retournaient au bateau, car ils avaient oublié quelque chose. Elles ne les avaient pas revus par la suite. Finalement, toutes les personnes qui avaient eu accès à cette chambre furent questionnées en vain.

Comment ces deux personnes ont-elles pu pénétrer dans une chambre sans avoir la clé? Et surtout, que s’était-il passé?

Le capitaine visita la chambre qui leur avait été attribuée. Le lit était fait, les bagages posés dessus comme s’ils n’avaient pas été vidés. Sur un oreiller, une enveloppe blanche était adressée au capitaine. Avec fébrilité, celui-ci la décacheta et la lut.

Atteints tous les deux d’une maladie incurable, ils voulaient vivre leur rêve depuis toujours, faire une croisière, avant d’en finir avec la souffrance. Malheureusement, la douleur avait été plus forte et ils avaient décidé de partir au milieu de l’océan. Ils s’excusaient des désagréments que tout cela causerait. Ils avaient choisi la chambre 742, car du lit, ils voyaient la mer.

Au bas de la feuille, on distinguait clairement des traces humides de larmes.

Ce mystère résolu, une question restait encore en suspens. Comment étaient-ils entrés dans une chambre qui ne leur appartenait pas? Aucune infraction n’était visible.

Cette question ne trouva aucune réponse et hanta le capitaine durant de longues années.

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Bonne semaine à toutes et à tous.

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