La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

dimanche 6 septembre 2015

Pourquoi les Îles inspirent autant?

L’eau, les plages, l’accueil, les questionnements, une nouvelle vie et une belle rencontre. Ce sont les thèmes abordés cette semaine dans cet atelier où des liens bien spéciaux se sont créés. Certains participants ont préféré garder leur écrit pour eux, d’autres ont décidé de me l’envoyer plus tard. Le plus important durant cette heure c’est que nous vivons un moment particulier dans le salon rouge qui en inspire certains.

* * *

Dépaysement

Drôle de sensation que de se sentir aussi dépaysée dans son propre pays. Je me surprends parfois à m’imaginer que je devrai traverser la douane à l’arrivée tellement je suis mêlée après un séjour dans un endroit pourtant pas si éloigné de chez moi.

Est-ce que ce sont les effets des gravols et des somnifères?
Ou l’effet de la croisière?         

Je rapporte dans mes bagages en plus des trésors artistiques, de précieux souvenirs des personnes sympathiques rencontrées tout au long de cette dernière semaine.

Aujourd’hui, j’ai marché sur la grève, ramassé des cailloux tout simplement, émerveillé comme un enfant devant un étal de bonbons comme un dessert à la fin d’un succulent repas.

Claudelle

Je suis née au bord de l’eau. Toute ma vie, l’eau était près de moi, surtout dans mon cœur.

Les souvenances.

Me retrouver aux Îles de la Madeleine, voyage dont je rêvais depuis près de 30 ans, m’a quelque peu attendrie. Par l’eau bien sûr, mais surtout par toutes ces belles petites maisons colorées.

J’aime la couleur, les roses, les bleues, les vertes, les mauves qui m’habillent depuis quelque temps m’ont fait acheter dans mon cœur une petite maison rose-mauve avec de la dentelle et une grande galerie qui couvre tous les côtés.  Hé oui !

Parfois aux Îles de la Madeleine, une petite maison se juche très haut et se permet de « sniquer » tout ce qui se passe autour d’elle. Elle voit loin à l’horizon des horizons en rond.


Les couleurs étaient aussi dans le cœur des gens qui, malgré la fatigue que nous pouvions percevoir, nous servaient avec large sourire, amabilité et courtoisie. Ils nous parlaient des Îles avec amour et tendresse. Ils aiment leurs îles, ils en sont fiers.

Mon amie, qui habite maintenant aux Îles, nous a conduites pendant 3 jours. Passionnée par les Îles, nous ne pouvions avoir meilleure guidance. Un groupe de chanteurs des Îles nous accompagnait avant l’entrée de chaque village, en plus de la voix de la copine qui chantait toute la mélodie d’une passion incroyable.

Impossible de ne pas aimer les Îles.

La chaudrée de palourdes, les pétoncles, tante Emma, le verre soufflé et le vent.
Vent des Îles avec grande joie, peur quand même de me faire casser une jambe en ouvrant la porte de l’auto, mais heureuse de le connaître.

Je repars le vent dans les voiles…

Hélène

1,3 mètres au-dessus du niveau de la mer.
C’est pas haut les Îles, c’est beau.
C’est beau avec ses grands Madelinots qui me parlent dans leur langue colorée, souvent baignée d’embruns au point que leur dire m’échoppe.

J’ai vu les Îles comme les voit un enfant. Et je me suis posé des questions d’enfant :

Pourquoi des rues toutes croches?
Pourquoi des maisons perchées si haut?
Pourquoi je ne peux m’approcher de la falaise?

Puis des questions d’adultes :

Pourquoi tant de pelouses à couper?
Comment font-ils, l’hiver, avec de si longues allées à déblayer?


Et vous m’avez donné une seule réponse à toutes mes questions.

Parce qu’ici on a le vent, on a le temps.
Le temps d’errer
Le temps de rêver
Le temps de la mer
Et le temps de l’hiver

C’est ainsi que j’ai vu les Îles, à 1,3 m au-dessus du niveau de la mer, dans mon fauteuil à 4 roues.

Alain

Je me présente, Lili la mère de Danny.

La première fois que je suis venue aux Îles, je venais de perdre mon conjoint après 50 ans de vie commune ainsi que 3 enfants, 5 petits enfants.

Danny, qui était musicien sur le bateau CTMA Vacancier, m’a dit :

— Maman, viens avec moi, tu vas voir les Madelinots et les Madeliniennes sont des gens extraordinaires, chaleureux, sympathiques. Pour la première fois, c’était mon baptême de mer, moi qui avait peur de l’eau. Imaginez comment mon cœur pouvait battre fort!

Mais lors de mon embarquement, j’ai été reçue comme une reine. Tous avaient de la sympathie pour moi, tous prenaient soin de moi.

Rendue aux Îles, Danny continuait à me présenter à tous les gens qu’il avait connus. Je voudrais vous dire que le temps a passé très vite. Me faire bercer par la mer, les couchers de soleil, mon premier débarquement aux Îles avec les spectacles, les gens qui ont du talent à revendre, m’ont fait vivre des moments que je n’avais vécu auparavant.

Vient le moment de retourner sur le bateau, le cœur triste. Mais la vie m’a donné la chance de pouvoir revenir pour la sixième fois et mon bonheur grandit toujours.

Désolée, je dois terminer. J’aurais pu vous en dire plus, mais c’est déjà terminé.

Une nouvelle vie a commencé pour moi avec amour.

Lili


Messire de la plage.

Escale à Chandler, temps gris. Je décide de me promener le long de la côte. Le soleil tarde à se lever et à réchauffer l’air qui devient de plus en plus automnal.

Un sentier se dessine dans l’herbe en direction de la plage. Ni une ni deux, j’y descends. Je marche sur les galets. Des galets plats, si plats d’avoir été usé par le ressac de l’eau qu’ils pourraient se fendre en deux. J’en ramasse quelques-uns que je ramène avec moi. J’escalade les rochers qui m’amènent sur une autre petite plage.

Le soleil commence à sortir et fait briller des diamants sur la surface de la mer. Au détour d’une courbe, j’aperçois une tente bien plantée sur le sable, entourée de bois de plage, décorée de galets plats, de coquillage et de trésors rejetés par les marées.

Un homme sort de sa tente et vient me saluer. Il dit s’appeler Bruno Cyr, qu’il passe 2 mois chaque année à camper sur la plage, entouré de son patio de bois ramassé autour de lui. Il me montre un grand tronc et m’explique comment il a fait pour le ramener jusqu’à son campement. Il ajoute que malheureusement, des personnes viennent régulièrement briser son décor, sa table qu’il s’est fabriquée. 

C’est alors que je me rends compte qu’il a écrit des recommandations, des prières demandant de ne rien briser. Il ne demande qu’une seule chose, qu’on le respecte. J’y lis un beau poème écrit à sa façon qui dit ceci :

« J’ai une larme dans mes yeux qui coule sur tes joues et vient mourir sur tes lèvres. Une autre journée est passée. »

Ce Messire de la plage vit en homme libre et est fier de sa condition.

Je le félicite et le salue.

C’est le cœur léger que je retourne au bateau avec le souvenir de cet homme dans ma mémoire et mes galets plats dans la poche.

Dominique Damien  

Un gros merci aux participants de cette semaine qui m’ont encore une fois offert un peu d’eux-mêmes. La joie et l’émotion dans leurs yeux sont mon plus beau cadeau.


Bonne semaine à toutes et à tous.

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