La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

dimanche 11 octobre 2015

Conciliabule chez les outardes.

L’automne s’impose de plus en plus. Les couleurs des arbres changent. L’odeur ambiante se modifie. On peut sentir la végétation qui s’assèche par manque de sève. Même si le soleil reste encore présent, la température diminue progressivement. Quant à nous, les humains, nous ajoutons des épaisseurs de vêtements lorsque nous sortons.
 
Les couleurs d'automne
Cette période de l’année est propice à des sorties en nature afin d’apprécier ces changements immuables qui reviennent chaque année. Nous devons nous préparer pour la saison froide qui approche. Nous ne sommes pas les seuls. Les animaux doivent eux aussi penser à l’hiver et à leur survie.

Prenons le cas des outardes. Après avoir niché et élevé leurs petits dans nos régions, le mois d’octobre signifie pour eux le prochain départ vers une migration plus au sud. Au détour d’une promenade, j’ai pu assister à un rassemblement d’outardes en préparation pour le grand voyage. 
Grand conciliabule

Voici ce qui aurait pu se dire…

— Bon, on écoute, les plus jeunes!! Si nous sommes rassemblés ici c’est sérieux. Les femelles, ramenez vos oisillons au sérieux.

— Pour quoi faire? demandent les plus jeunes. L’eau est fraîche et nous voulons encore jouer.

— Vous ferez cela plus tard, nous devons nous organiser et vous faire pratiquer.

— Pratiquer quoi?

— Y a-t-il juste moi qui ai enseigné à mes petits ce qui les attend d’ici quelques semaines?
 
Le grand-sage parle
— Calme-toi, grand-sage. Nous étions comme eux il y a quelques années, tu ne te rappelles pas?

— Oui, je me souviens, justement. J’ai perdu mon frère, car il riait des adultes et il n’était pas préparé. Il était trop faible pour nous suivre et nous avons été obligés de l’abandonner. J’ai même vu un renard sauter sur lui aussitôt qu’il a touché le sol. Alors oui je me souviens et je ne veux pas qu’il arrive la même chose cette année.

Le calme est revenu dans la colonie et en cœur les parents annoncent :

— OK les enfants, on écoute. Après les exercices, vous pourrez reprendre vos jeux.

Le grand-sage satisfait reprend la parole.

— Excellent. Comme vous le savez tous ou presque, nous allons bientôt devoir quitter notre coin et voler de longues journées jusqu’à notre point de migration hivernale. Cela ne se fait pas à la légère et nous devons tous être prêts afin de ne pas retarder le groupe. Pour les plus jeunes, qui ne sait pas voler en formation en V?

— Moi, moi, moi aussi… piaillent en cœur bon nombre d’oisillons de l’année.

— Alors il est temps d’apprendre. Nous avons plusieurs levers de soleil pour mettre en place des formations parfaites et arriver tous sains et saufs. Les parents expliquez leur la méthode. Les plus anciens formons des groupes et organisons nos formations. Après viendra le temps des pratiques. Quand sera vraiment venu l'heure de partir, ceux qui ne seront pas prêts seront livrés à eux-mêmes afin de ne pas risquer la sécurité de toute la colonie.

Alors que tous s’organisent, on les entend clairement cancaner, certains plus fort que d’autres. Chacun voulant s’octroyer le rôle de leader de la formation, le grand-sage devra choisir lui-même ceux qui possèdent les capacités nécessaires à ce rôle.

En après-midi, c’est le temps de la première pratique. Les voilà qui quittent leur plan d’eau chaque formation l’une après l’autre. Le grand-sage qui supervise en avant du premier et du plus gros groupe lance ses recommandations.
 
Premier envol
— Essayez de bien former le V et écoutez votre responsable. N’essayez pas de dépasser votre voisin, votre tour viendra de vous épuiser pour la colonie avant de retourner en arrière.
 
Un peu désorganisé

Le cancanage va bon train chez les plus jeunes. Les responsables ont de la difficulté à mettre de l’ordre. Chacun essaie de trouver la place qui sera la sienne et qu’il devra garder tout au long du voyage. Les premiers envols ressemblent plus à une cacophonie qu’à une organisation bien structurée.

Au fur et à mesure des pratiques, on distingue une mise en place de plus en plus organisée.
On essaie de se placer

En pleine concentration


Presque une ligne parfaite

Un beau V

Encore quelques jours avant le grand départ. Pour nous, les humains, ces moments sont un vrai ravissement. Ces outardes vont nous manquer durant les longs mois d’hiver avant leur retour au printemps, prêts à agrandir la colonie. 

Bon vol, chères outardes. Prenez soin de vous toutes et revenez-nous aussi nombreuses, car vous nous annoncez le printemps et le retour de la chaleur.
 
Bon vol

Bonne semaine à toutes et à tous.

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