La tête dans les vagues

Assise à ma table, face à la mer, où le vent souffle les embruns suivant le courant, je trouve l'inspiration qui me permet, au fil des mots, de vous partager mes passions.

dimanche 9 février 2014

Sortie en « tabaganne » et des nouvelles de Robert…

Vivre au Québec c’est apprivoiser l’hiver et apprendre à l’apprécier. Ce n’est pas tous les jours facile surtout lorsque les températures descendent très bas et de plus lorsqu’elles sont accentuées par le vent, comme on le vit ici aux Îles-de-la-Madeleine.

Par contre, une journée de beau soleil sans vent avec des températures de – 11°, c’est la journée idéale pour « jouer dehors ». Alors, quoi de mieux que d’aller se faire glisser au Paradis Plein Air à Fatima avec nos « tabagannes » (comme on dit ici aux Îles) et de retrouver son âme d’enfant.





* * *
Comme certains d’entre vous l’attendent, je vous offre la suite 3 des « Grilles du Comte Talbot ». Les sept candidats restants vont vivre leur deuxième journée de concours et vont tenter de se rendre jusqu’au bout. Avant que vous ne commenciez la lecture, veuillez prendre connaissance de l’avis suivant :


AVERTISSEMENT

Le texte qui suit contient des scènes de violence pouvant ne pas convenir à un jeune public. La supervision des parents est suggérée.


Chapitre 4

Jour 2 – 9 h 30

Les mêmes consignes sont données. Cette fois-ci, le temps imparti est de deux heures, les définitions sont plus compliquées et la grille comporte trente-cinq lignes et vingt-cinq colonnes. Les sept concurrents fixent leur écran et ne se laissent pas intimider. Les minutes s’écoulent dans le seul bruit des claviers. Même le son des respirations n’est pas perceptible. Finalement, tous réussissent à remplir la grille juste avant la fin des deux heures. Les sept personnes se regardent avec un sentiment de victoire. Aucun d’eux n’a échoué.
Robert se demande si c’est un bon ou un mauvais signe. Il craint que le malade qui a organisé cette macabre compétition n’augmente le niveau de difficulté.

Lors du dîner, le maître des lieux leur fait part de sa surprise concernant la dernière épreuve. Il se dit impressionné, mais décide quand même de ne rien modifier au programme prévu. Il termine en ajoutant :
- Je sais qu’il ne restera qu’un seul d’entre vous au maximum. J’espère ne pas être déçu par un échec total.

14 h 30

À nouveau, les ordinateurs se débloquent. Même nombre de cases, même niveau de difficulté. La nervosité devient palpable dans la salle. Le manque de sommeil récupérateur en est la cause. Certaines poussent des soupirs.

14 h 55

Premier cri. Cette fois, il s’agit de Boris Kaplovitch. Il a inscrit le mauvais mot. Il ne s’en est rendu compte que lorsqu’il a senti la ceinture le serrer contre sa chaise qui, comme les autres, s’est reculée. À nouveau, le plafond s’est ouvert. Une lame de scie ronde tournant à vive allure descend tranquillement. Une paroi vitrée s’est placée entre Boris et les autres tables. Il comprend automatiquement ce qui l’attend et hurle de toutes ses forces. Les autres aussi crient et demandent que tout cela cesse. Mais c’est inutile, la lame s’arrête au niveau du cou de Boris, avance dans sa direction jusqu’à trancher dans ses chairs faisant gicler un sang rouge foncé sur la vitre. Un bruit sourd accompagne la chute de la tête sur le sol qui roule sur quelques mètres. La lame dégoulinante remonte et reprend sa place. La vitre n’est plus qu’un écran visqueux qui s’éclaircit au fur et à mesure que le sang coule jusqu’au sol.
Tous s’étaient remis à la compétition avant la fin du supplice de Boris. Le silence a repris le contrôle de la salle.

15 h 30

Ce n’est pas un cri, mais une plainte de résignation. Jacques Allary baisse les bras et se laisse mener jusqu’à ses derniers instants. Il ne lutte pas. Il sait que ça ne sert à rien. Il ferme les yeux et attend la mort en espérant qu’elle arrive le plus vite possible. Il est emmené avec sa chaise dans un coin de la pièce. Des panneaux métalliques prennent la place des boiseries murales. Une espèce de machine sort du plancher et se place devant le condamné. Elle se met en marche et lance des pierres directement sur le corps de Jacques qui ne réagit pas. Sa poitrine et sa tête sont martelées sans répit par des blocs de pics acérés. Sa tête devient un amas de chair sanguinolent. Très vite, il devient méconnaissable, le sang coule le long de ses bras qui n’ont toujours pas bougé. Puis, le haut de son corps s’affaisse en avant et les jets de pierres cessent automatiquement.

Maria Cervantes n’a pas détourné son regard, une main couvrant sa bouche comme pour bloquer tout son qui voudrait s’échapper. Elle se remet à son épreuve les yeux baignés de larmes qui se vident le long de ses joues. Ils doivent garder le contrôle malgré les deux corps inertes dans leur champ de vision.

16 h 15

Certains ont terminé avec succès leur grille. Il ne reste que deux personnes qui tapent sur leur clavier. Un bruit ressemblant à une alarme retentit. En fait, il s’agit du cri que Maria Cervantes vient de pousser. Un hurlement si aigu qu’on a du mal à le croire humain. Elle se débat de toutes ses forces pendant que sa chaise glisse dans un angle de la pièce puis s’immobilise. Face à elle, un pan de mur s’écarte faisant jaillir des couteaux effilés lancés à vive allure contre son corps. Maria est transpercée de toute part, la clouant sur le dossier de sa chaise. Elle reçoit tellement de couteaux qu’il en est difficile de les compter. Son dernier souffle rendu, son corps ressemble à un porc-épic.

Cette épreuve a été la plus meurtrière. Trois êtres, sans vie, quitteront la compétition par une autre issue.

* * *

Je n’avais pas relu ce texte depuis son écriture en 2008. Finalement, mon avertissement était nécessaire. Il reste une dernière journée aux 4 candidats. La semaine prochaine sera la finale de cette compétition hors du commun. Avis aux amateurs de mots croisés.


Bonne semaine à toutes et à tous.

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